good girl gone bade [R]

OLIVIA&ISAAC

Je m'étais levé avec les poules ce matin, comme tout les jours depuis un an, depuis mon arrivée à Rosmeont. Entre l'université et mon "travail" en temps que mécanicien le week-end et le soir, je pouvais dire adieu à mes longues nuits d'avant. Mais en y repensant, ce n'était pas plus mal, j'aimais être occupé et indisponible, ça prouvait que j'avais enfin une vie, pas comme à Denver il y a un an de ça, où je me réveillé à midi, je mangeais à trois heures et je ne faisais rien de la journée. Non, ici j'avais largement de quoi occuper mon temps libre, j'avais même des amis, des gens à qui je tiens, et qui tiennent à moi. Il me manquait peut-être qu'une chose : une famille. Mais la mienne, non merci. Entre un père alcoolique et une mère qui ne veut plus entendre parler de son fils, je préfère me retrouver seul.

Il devait être dix-neuf heures lorsque je suis rentré chez moi, dans mon pauvre studio. Je déposais mes clés sur un pot en terre cuite à l'entrée, mon sac sur le sol et ma veste en cuir sur le canapé. Je pris la direction de la cuisine, petite certes, mais suffisante, ouvris le frigo afin d'y prendre un bière. Je bus un coup avant de poser la cannette sur la table basse du salon. J'allumais la télévision, zappant de chaine en chaine avant de me décider à l'éteindre. C'était peine perdue, il n'y avait rien à cette heure-ci. C'est alors que je pris mon ordinateur portable, ouvrant une page word. J'hésitais un instant, puis je tapais sur les touche comme un pianiste sur un piano, et un à un les mots sortirent de mon imagination pour venir s'échouer sur la page blanche, qui fut rapidement noire de mots. L'écriture, il n'y avait que ça de vrai, que ça pour m'occuper, me remonter le moral.

J'avais quitté mon ordinateur deux heures après pour aller me coucher. Je n'avais même pas pris la peine de manger un peu ou d'aller me laver, j'avais simplement revêtu un short et enlevé mon t-shirt. En plein dans mes rêves, je fus pourtant réveillé par la sonnette. Je sursautai, pas décidé à aller ouvrir. Il devait être minuit, qui pouvait bien tambouriner à ma porte à cette heure du soir. La personne toqua finalement. Je blasphémais me levant en enfilant un vieux t-shirt. Je me frottais les yeux, j'étais encore à moitié endormi. ▬ Oui j'arrive ! Criais-je afin que les bruits cessent. J'étais en colère, et qui que se soit, j'allais crier. Déjà que j'avais l'obligation de me lever tôt le lendemain. Je pris la clé et ouvris la porte. Ce fut un choc. Je restai bouché bée devant une brune. Son mascara avait coulé, elle avait pleuré. ▬ O ... Ollie ? Chuchotais-je encore surpris. Je ne réfléchis pas trois ans, je la pris dans mes bras. Ma Ollie, ma petite soeur.

good girl gone bade

Il devait être minuit, voir plus. Les rues de la ville étaient désertes. Les fenêtres ne laissaient échapper aucune source de lumière. Olivia était seule parmi ces lieux endormis. Du jour au lendemain, elle avait fait comme Isaac, elle avait tout plaqué sans rien dire à personne. Elle ne pouvait plus supporter cette vie de misère qu’elle vivait depuis si longtemps. La seule personne qui aurait pu la sortir de cet enfer était son frère. Mais il n’était plus là. Il avait quitté Denver comme elle venait juste de le faire. Elle aurait du le suivre il y a un an. Elle aurait du partir avec lui et ne pas regarder en arrière, n’avoir aucun remord. À l’époque elle était aussi faible qu’aujourd’hui, voir plus. Qu’allait bien pouvoir dire Isaac en la voyant ? Elle était presque en état de manque, une tête de droguée et surtout, elle ne ressemblait plus à celle qu’il avait laissé seule. L’ancienne Olivia, l’innocente, la fragile et douce demoiselle était morte le jour du départ de son aîné. Mais elle n’avait pas le choix, il était l’unique personne en qui elle pouvait avoir confiance. Daniel, le dealer qui l’avait fourni pendant tout ce temps allait la tuer s’il la retrouvait. Elle lavait laissé à bout de forces, elle n’avait plus aucun moyen de rembourser sa tête qui ne cessait d’augmenter de jour en jour. S’il découvrait où elle était allée se réfugier, elle était foutue. Au fond, elle s’en fichait. Ces jeux de sadomasochistes et légèrement suicidaires lui avaient prouvé que la mort ne voulait pas d’elle. Du moins, elle n’en avait pas encore voulu.

Debout face à la porte fermée, elle n’osait plus bouger. Olivia sécha ses larmes d’un revers de manche. Toute la journée elles avaient coulé sans s’arrêter une seule seconde. Elle savait qu’en entrant dans ce studio, elles allaient encore une fois faire leur apparition. La jeune femme se décida enfin à sonner. Le silence qui suivit lui glaça le sang. Peut-être qu’Isaac n’était pas là. Peut-être qu’on l’avait mal renseigné et qu’il n’habitait pas là. Peut-être même qu’il avait quitté cette ville pour une autre. Au bord du désespoir, Ollie toqua à la porte plusieurs fois jusqu’à entendre la voix de son frère retentir de l’autre côté. Elle souffla intérieurement de soulagement. L’attente ne fut heureusement que de courte durée. Quand la porte s’ouvrit, la brune resta figée sur place à fixer celui qui lui avait tant manqué. Celui qu’elle avait tant désiré de voir rien que pour entendre le son de sa voix. « O ... Ollie ? » Elle sentit les larmes lui monter aux yeux une nouvelle fois, mais avant qu’elle puisse se mettre à pleurer, Isaac la prit dans ses bras. Ces bras, cette étreinte qu’elle avait tant espéré. Olivia ne prononça aucune parole et resta immobile. Elle aurait voulu être capable de rendre son étreinte à son frère, lui prouver qu’il pouvait être fier d’elle. Mais tout ça n’était qu’un mensonge. Faire comme si tout allait bien était se voiler la face pour rien. Les larmes étaient sur le point de couler, mais elle faisait son maximum pour les refouler. « Isaac … Je suis désolée. » C’est tout ce qu’elle avait trouvé à dire après un an de séparation. Tout ce qu’elle était capable de prononcer.

OLIVIA&ISAAC

Je tremblais. Je tremblais de froid, de peur, de joie, de tristesse. J'étais tout ça à la fois. Je ressentais des sentiments contradictoires. La situation était bien plus étrange que je ne le voulais. Je pensais tout les jours à elle. A ses gros yeux bleus, à sa façon de danser, à sa façon de se comporter, à son rire. Elle me manquait, tout les jours un peu plus que la vielle et moins que le lendemain. Ma petite sœur, mon sang, ma petite tête brune, ma confidente, mon oxygène, le plus gros piliers de mon existence, celle pour qui je me suis battu et que j'ai finalement abandonné avec un père alcoolique et une mère idiote. Comment j'avais pu faire ça. J'aurais du l'emmener avec moi, tout faire pour la rendre heureuse, pour que se sourire que je connais si bien et que j'aime tant ne s'efface jamais. J'avais été égoïste, je pire frère du monde. Elle ne méritait pas ça. Elle ne méritait pas une famille comme la notre. Je l'aimais tellement, j'aurais tout donné pour elle, un rein, mon cœur, ma vie. Je voulais son bonheur, et j'avais fait son malheur.

Je la serrais tellement fort dans mes bras que j'avais peur de l'étouffer. Je ne voulais pas encore la faire souffrir. Je ne voulais pas la lâcher, l'abandonner, plus jamais. Elle avait pleuré, et elle avait l'air d'être complètement en manque de drogue. Ma petite Olivia aurait-elle plongé dans l'envers du décor ? C'était de ma faute, je m'en voulais tellement que les mots pour le qualifier n'existaient pas. ▬ Isaac … Je suis désolée. Lâcha t-elle. Elle ne pleurait pas, plus. Moi non plus. Je ne comprenais pas pourquoi elle s'excusait, tout ça c'était de ma faute, si elle avait plongé dans la drogue, c'est parce que je n'étais pas à ses côtés pour l'aider. ▬ C'est moi qui suis désolé. Je t'ai abandonné. Je ne le referais plus. Plus jamais. Je te le promets. Je l'embrassais sur le front avant de la faire entrer dans le studio. Je refermais la derrière moi. Je l'emmenais jusqu'à mon lit, elle devait être glacé. Je pris une couverture avant de lui mettre dessus. Je la repris dans mes bras. C'était comme un rêve. Je la voyais déjà célèbre dans le monde entier, avec un mari et deux enfants. Mais le destin en avait voulu autrement.

Olivia était restée immobile dans les bras d'Isaac. Ce moment, elle n'aurait voulu le stopper pour rien au monde. Malgré les remords qui l'envahissaient un à un, ses bras qui l’enlaçaient sans arrière pensée lui rappelait cette humanité qu'elle était en train de perdre. Elle avait tellement changé en un an qu'elle n'arrivait plus à se reconnaître elle-même. Si elle, n'y arrivait pas, qu'en était-il de son frère ? La seule chose qu'elle redoutait était qu'il puisse avoir honte d'elle. Qu'il ait pitié de ce qu'elle était devenue en se retrouvant seule. Son monde tournait autour de celui d'Isaac. Il suffisait qu'il disparaisse pour qu'elle perde tous ses reperds. « C'est moi qui suis désolé. Je t'ai abandonné. Je ne le referais plus. Plus jamais. Je te le promets. » Olivia resta muette. Elle avait pendant longtemps pensé la même chose que lui. Elle s'était répétée ces paroles en boucle pendant des mois. Elle lui en avait voulu au tel point qu'elle ne voulait plus le revoir. Mais elle s'était enfin rendu compte de la vérité. Si elle était devenue cette loque qu'elle était aujourd'hui, c'était à cause de sa propre faiblesse. Avec un peu plus de confiance en elle et de courage, elle aurait pu l'éviter. Le présent serait différent. Isaac l'embrasse doucement sur le front. Il la fit entrer dans le studio et la fit se diriger vers sa chambre. Avec son aide, Olivia s'assit sur le lit pendant qu'il l'enroulait dans la couverture. Il la reprit une nouvelle fois dans ses bras. Deux fois en moins de cinq minutes. Si on lui avait dit une semaine auparavant qu'elle se retrouvait dans cette situation elle n'y aurait jamais cru. Elle huma le parfum de son frère en fermant les yeux. Cette scène semblait trop belle pour être vraie.

Olivia s'écarta un peu pour regarder Isaac, détailler chaque parcelle de son visage. Il n'avait pas changé, ou du moins, il ressemblait toujours à celui qu'il était au contraire de la demoiselle. Il semblait aujourd'hui plus heureux, épanoui et en forme, tout ce qui lui manquait avant de quitter Denver. Il vivait, vivait une vie que lui avait choisi et qu'on ne lui avait pas imposé. « Ne me laisse plus. » C'était une demande égoïste, il lui avait déjà promis de rester avec elle, mais elle voulait se l'assurer encore une fois. Sans lui, elle n'avait jamais été capable de rien. À huit ans elle n'était pas capable de sortir dans la rue sans lui pour aller jouer avec les voisins. À dix ans il devait l’accompagner jusqu'à la maison de Sophie pour son anniversaire, deux rues plus loin. À treize ans elle avait besoin de lui pour se défendre contre les lycéens qui l'embêtaient. À dix-sept ans, il devait la soulager pour sa plus grande peine de cœur. Maintenant, elle avait besoin de lui pour reprendre sa vie en main. « Tu m'as manqué Isaac. »

OLIVIA&ISAAC

C'était étrange. Je m'étais endormi, sur et certain de passer une nuit comme les autres et de me réveiller le lendemain comme les jours précédents, prêt à aller travailler à l'université. Et bien à la place, j'étais dans mon lit, bel et bien réveillé, tenant ma sœur contre moi. Tout les jours je pensais que je devais retourner à Denver pour la chercher, l'emmener avec moi. Mais je n'avais jamais le courage de tout plaquer, même pour un jour, même pour ma sœur. J'étais heureux, plus que ça même, qu'elle soit venue elle-même. J'avais toujours pensé qu'elle n'avait plus besoin de moi comme avant, qu'elle pouvait tout géré comme je l'avais fait. J'avais eu tord. ▬ Ne me laisse plus. Avait-elle simplement chuchoté alors que quelques minutes auparavant je le lui avais promis quand nous étions devant le porte. Je l'avais enroulé d'un couverture pour qu'elle n'est pas froid. J'avais besoin d'elle autant qu'elle avant besoin de moi. Elle avait toujours été mon rayon de soleil, mon petit nuage de bonheur lorsque je n'allais pas bien. J'espérais à croire que j'étais le sien.

Je ne luis avais pas encore répondu, mais je comptais bien le faire, et surtout, je comptais tenir ma promesse. D'un revers de la main, je remis une de ses mèches qui lui tombait devant les yeux, derrière son oreille avant de lui murmurait au creux de l'oreille. ▬ Plus jamais. J'avais tellement besoin d'elle, de l'aider au maximum. Mais j'avais compris qu'elle était en manque, et ça parce qu'elle tremblait et reniflait. Ça me faisait peur de la voir comme ça. Je n'avais connu que la Olivia souriante, sage et douce, par la Olivia détruite, triste et droguée. Je ne pouvais pas l'aider, pas tout de suite en tout cas, et rien que d'y penser me détruisait le cœur. ▬ Tu m'as manqué Isaac. Je souris, ce n'était peut-être pas le moment, mais l'entendre dire ces mots m'apportait un certain réconfort. Elle m'avait tellement manqué que les mots ne suffisaient plus pour l'exprimer. ▬ Tu m'as aussi manqué Ollie. Ollie. J'avais été le premier à la surnommé ainsi depuis sa naissance, et depuis c'était une habitude. J'étais avec ma Ollie.

« Plus jamais. » Olivia soupira de soulagement. Chaque mot qu’il aurait pu prononcer l’aurait réconforté. Tout ce qu’Isaac lui disait, elle le croyait. Elle l’écoutait en buvant ses paroles sans se poser de questions. Ça en avait toujours été ainsi et ça le serait sûrement encore dans le futur. Elle avait une confiance démesurée pour ce frère qu’elle considérait maintenant comme sa seule famille. « Tu m'as aussi manqué Ollie. » La brune lui rendit son sourire tant bien que mal. Il n’était plus le même qu’avant, mais le geste y était. Les larmes qui lui étaient montées aux yeux quelques minutes auparavant avaient disparu. Voir le visage d’Isaac avait réussi à l’apaiser. Elle se sentait bien quand il était là, dans ses bras. Elle ne pouvait cependant pas s’empêcher de trembler et renifler toutes les trente secondes. Elle n’avait rien touché depuis presque plus de vingt-quatre heures, ce qui était un record pour elle. Elle avait voulu paraître bien devant-lui, mais son geste avait eu l’effet inverse. Être sobre et sans rien dans le sang, ne pas être sous l’effet d’une drogue, elle avait voulu faire ça pour Isaac. Mais elle devait maintenant endurer l’impact de son comportement. Elle commençait à être en manque et ça n’allait aller qu’en s’empirant. Elle s’en fichait, pour lui, elle était capable de tout. C’est ce qu’elle croyait pour le moment.

« Tu vis seul ? » Olivia regarda autour d’elle et reprit, « ta chérie n’est pas là ? » Elle ne savait pas s’il avait quelqu’un en ce moment. Elle ne savait plus rien de lui depuis qu’il était parti. Sa vie ici restait un mystère pour elle. Elle ne voulait qu’une chose, qu’il ait enfin réussi à être heureux. C’était pour cette raison qu’il avait tout plaqué. Il était parti à la recherche du bonheur et il avait eu raison de le faire. Avant qu’Isaac n’ait eu le temps de répondre, Olivia prononça en souriant : « promis, cette fois je ne l’enferme pas dans un placard. » Elle avait toujours eu la mauvaise habitude d’être jalouse des petites amies, voir même de ses amies. Son frère s’était le sien et celui de personne d’autre. Elle voulait qu’il n’aime qu’elle, qu’il reste sa vie avec elle et pas une autre fille. En grandissant elle avait compris que ce comportant avait été stupide. Elle se souvenait encore du jour où l’une de ses camarades de classe s’était retrouvée enfermée dans ce fameux placard à chaussure. Elle y était restée pendant presque deux bonnes heures, jusqu’à ce qu’Isaac réussisse enfin à la retrouver. À sa grande surprise, il ne l’avait même pas engueulé, il n’avait rien dit. Il s’était juste mis à sourire quand elle lui avait expliqué son geste. Olivia avait de la chance de l’avoir, elle le savait.

OLIVIA&ISAAC

J'étais mal à l'aise de voir ma petite sœur dans un tel état. Celle que j'avais toujours chouchouté, protégé et aimé, se détruisait de jour en jour et le fait de ne pouvoir rien y faire me briser le cœur. Si j'avais su, ou même simplement imaginé qu'elle tomberait là dedans, dans ces merdes qui lui pourrissent là vie, je serais resté à ses côtés pour lui en empêcher. L'avenir me faisait peur. Et si elle ne s'en sortait pas, et si elle n'arrivait pas à abandonner la drogue, et si j'étais aussi inutile qu'un peigne pour un chauve ? Je ne savais pas quoi lui dire, nous avions été séparé un an et ma vie avait totalement changé. Un travail, un avenir, un espoir, des amis, une fille qui me plait. C'est comme si je n'avais jamais volé ces portables et tabassé ce flic, comme si mon passé n'existait plus. ▬ Tu vis seul ? Demanda t-elle alors en regardant autour d'elle. C'est vrai que mon appartement ressemblait bien à un appartement de célibataire. Il était déjà assez petit, il y a avait des habits un peu partout et deux bouteilles de bière sur la table basse. Je souris légèrement assez gêné. ▬ Oui, j'aurais bien pris un colocataire, mais il y a un an je ne connaissais personne. Et au fond, j'aimais assez vivre seul. Je pouvais tout ce que je voulais. Mais je m'ennuyais horriblement aussi.

Ollie dit alors quelque chose qui m'étonna fortement. ▬ Ta chérie n’est pas là ? J'étais assez sur le cul là. Elle s'attendait à ce que je sois avec quelqu'un, c'est vrai que j'avais en partie quitté Denver pour trouver une femme à aimer. Mais c'est vrai que je ne m'étais jamais mis à la recherche de quelqu'un, dans le sens où je ne parlais que très peu aux autres. Mais avant que je ne puisse répondre, elle rajouta quelque chose. ▬ Promis, cette fois je ne l’enferme pas dans un placard. Elle me sourit. Mon cœur s'arrêta un instant. Elle était arrivée en pleure ici, et à présent elle souriait. Ce sourire qui m'avait manqué chaque jour depuis un an. Je souris à mon tour, repensant alors à ce moment où elle avait enfermé une de mes amies dans un placard à chaussures. Je l'avais cherché pendant deux heures. La pauvre, elle n'a plus jamais remis les pieds chez moi après. Olivia avait toujours été jalouse envers mes petites amies, et ça me faisait plutôt sourire. ▬ Désolé, mais tu es la seule femme de ma vie. Je n'avais aucune petite amie, bien que Jules ne me laissait pas indifférent. J'avais Parker, et bien que je ne la connaisse que depuis un an, elle m'apportait énormément et elle faisait partie de ses femmes que j'aimais. Mais ma petite sœur avait toujours été la première, et elle le restera.

« Oui, j'aurais bien pris un colocataire, mais il y a un an je ne connaissais personne. » Olivia hocha la tête en reniflant. En venant ici elle s’était tellement imaginée de choses que plus rien n’aurait réussi à la surprendre. Tout ce qu’elle espérait, c’était qu’Isaac ne la mette pas à la porte le lendemain. Elle n’avait aucune envie de le gêner et encore moins de l’ennuyer, mais si elle voulait vraiment essayer de changer, elle avait besoin de lui. Il était le pilé central de sa vie. Jamais personne n’avait été assez bien. Tous les hommes qu’elle avait rencontré avaient tous manqué de ce petit quelque chose dont elle ignorait l’existence. Elle les avait tous comparé à Isaac et le résultat en était toujours le même. Son frère était trop parfait.

« Désolé, mais tu es la seule femme de ma vie. » Olivia fixa son frère pendant quelques secondes en silence. Ce n’était pas la première fois qu’il prononçait ces mots et pourtant, l’effet qu’ils lui produisait était le même qu’au début. Elle savait qu’elle occupait une place importante dans le cœur de son frère, mais elle avait toujours ce besoin de se l’assurer. Elle avait peur qu’il ne l’aime plus comme avant. Que cette distance qui les avait séparé physiquement les avait aussi séparé sentimentalement. Plus elle pensait à cette année et plus son cœur se serrait. Elle n’était qu’une idiote impuissante, comme l’avait été sa mère. Elle avait baissé les bras et était devenue cette chose assise à côté d’un Isaac métamorphosé. Le mot le qualifiait bien, il était le même et pourtant si différent. Il s’était épanoui dans cette ville pendant qu’elle, elle s’enfonçait de plus en plus. Les larmes qui avaient disparu se mirent à réapparaître. Le sourire maladroit qu’Olivia avait abordé disparu et une perle salée se mit à couler le long de sa joue. Une, deux, trois. Elle n’arrivait plus à les arrêter, à force de trop penser, elle se détruisait mentalement. « Isaac, » commença-t-elle entre deux sanglots, « je suis devenue comme lui … » Elle s’effondra littéralement en larme, incapable de reprendre le dessus sur ses émotions. L’idée même de savoir qu’elle était aussi faible que son père la répugnait. Elle était comme lui, elle était devenue dépendante d’une drogue, elle s’était laissée dépérir sans penser à son entourage. Qu’est-ce qu’Isaac pensait d’elle ? Elle avait peur de lui rappeler ce père qu’il avait fui. Elle avait peur de lui rappeler son passé et sa vie d’avant. Tout ce qu’elle était devenue, elle le détestait. Elle se détestait et n’arrivait plus faire autrement. Elle n’avait plus aucune d’estime d’elle-même, plus rien, le néant. « Isaac, Isaac … » Olivia attrapa la main de son frère dans la sienne et la serra de toutes ses forces. « Je suis … Je suis désolée … Vraiment désolée … »

OLIVIA&ISAAC

Olivia sourit à ma réflexion, c'est bien mon but. Dans cette simple phrase, je voulais qu'elle comprenne tout l'amour que j'avais pour elle, que jamais ô grand jamais je ne l'abandonnerai une seconde fois, et que je pouvais l'aider à devenir sobre et à être heureuse. Je ne voulais que son bonheur, et je dois avouer qu'elle en avait bien bavé ces dernières années, entre nos parents, moi, et ses soucis de drogues, elle méritait d'avoir une vie exceptionnelle. Celle qu'elle aurait si elle n'avait pas baissé les bras. Mon père avait baissé les bras ma mère avait fait de même, et en allant en prison j'avais aussi les baissé les bras. Le licenciement de mon père nous a tous tuer, chacun à sa façon, chacun à petit feu. La famille soudée qu'on avait été, n'était plus qu'un souvenir à présent. Un merveilleux souvenir, mais qui en y repensant me faisait plus de mal que de bien. J'étais anéanti de voir Olivia comme ça. Je me rappelais encore quel avenir prometteur elle avait. C'était de ma faute si elle avait abandonné tout espoir.

Je la serrais un peu plus fort dans mes bras. J'aurais pu construire des montagnes rien que pour elle, et j'étais aujourd'hui pourtant capable de si peu pour l'aider. Elle reniflait, encore et encore, elle avait de gros yeux rouges. Si comme si elle était en train d'agoniser. Était-ce ça le prix à payer pour pouvoir retrouver sa liberté ? ▬ Isaac, je suis devenue comme lui … Mon sang se glaça à ses paroles. Elle parlait de notre père et de sa dépendance à l'alcool. C'était inconcevable qu'elle se mette une idée pareille dans la tête. Ollie était peut-être une droguée, elle venait peut-être de courir à sa perte, mais jamais elle ne serait aussi mauvaise que lui, même si elle essayait. Ma petite sœur avait toujours été une fille formidable, le total contraire de notre père. ▬ Arrête tes conneries ! Tu n'es pas comme lui, tu ne le seras jamais ! Ne te mets pas des idées comme ça en tête ! Une à une, les larmes coulèrent sur ses joues pourprées de honte et de tristesse. Elle éclata en sanglot, et une part de mon cœur se brisa. J'avais déjà vu ma sœur pleurer, c'était une fille, et les filles ne faisaient que ça. Mais là, ça faisait beaucoup plus mal, j'étais comme incapable de l'aider. La voir comme ça, me donnait envie de tuer mon père. Une larme s'échappa de mon œil, une seule. Je n'avais plus pleuré depuis mes seize ans, depuis la première fois où mon père était rentré bourré. Depuis, j'avais tout gardé à l'intérieur. ▬ Isaac, Isaac ... Je suis … Je suis désolée … Vraiment désolée … Elle attrapa ma main et la serra tellement fort que j'en avais presque mal. Je lui caressai la joue dans le but de sécher ses larmes. Je me devais d'être fort pour elle, et pour moi. Elle était venue me demander de l'aider, et je me devais de le faire. ▬ Chuuut. Murmurais-je doucement pour qu'elle se calme un peu. J'attendais qu'elle arrête de pleurer avant de reprendre ma phrase. ▬ A deux, on est plus fort. Je suis là, je vais t'aider. On va te sortir de là, on va s'en sortir tout les deux. Je te le promets. Oui, deux, on est plus fort.