La journée n'avait pas été bonne c'était certain. Jamais je n'aurais pu imaginer que mon frère allait mal à ce point. Je lui avais rendu visite ce matin avant d'aller voir maman à la maison familiale. Je l'avais trouvé devant sa bouteille de vodka entamée et presque vide, les yeux dans le vide et la bouche pendante. Voilà maintenant trois mois que ses problèmes d'alcool persistaient et je ne savais plus comment m'y prendre avec lui.
J'avais tout de même fini par quitter son domicile, non sans inquiétude. Perdu dans mes pensées, j'avais machinalement démarrer la voiture et j'étais rentré sagement chez nous. Evitant avec soin ma mère, j'étais resté plusieurs heures dans ma chambre devant un match de foot qui passait à la tv.

Je n'y restais pas plus longtemps et lorsque que 18h sonna, je décidai d'aller prendre l'air. Je me dirigeai vers la foret. Pourquoi? Je n'en savais rien. Certain vous diront que je fus attiré soudainement à aller par là mais je ne crois pas en ces choses là. Une petite promenade me ferait sans doute le plus grand bien.
Après quelques minutes de marche, je me perdus dans mes réflexions, assis sur un tronc d'arbre.
C'est en cet instant que soudainement j'entendis un étrange bruit..

Pas couillon pour un sous, je regardai autour de moi."Qui est là ?"
"Q u i e s t l a ?" Non mais Johan, t'es vraiment con.

La forêt était plutôt sombre en cette fin d'après-midi. J'en connais certains dont les mains seraient déjà trempées à l'idée d'un bruit étrange au milieu des arbres imposants. Mon coeur, lui, battait à un rythme normal et mon pantalon n'était pas encore trempé. Un léger bruit de pas presque silencieux et délicat.. Sans doute une femme, pas de quoi s'affoler.
Johan resta cependant immobile, écoutant les feuilles craquer sous les pieds de l'inconnue. Il sentait cette présence qui se rapprochait et s'en amusait beaucoup.
C'est ainsi qu'il ne sursauta même pas lorsque Becca plaqua ses deux mains sur ses yeux. "Devine qui est là?" dit-elle. "Une tarée que je ne connais absolument pas ? Je vous en supplie, ne me faites pas de mal!" dis-je sur un ton moqueur. J'aurais reconnu cette voix parmi cent autres, même si elle s'efforçait de la modifier.

J'avais rencontré Becca lorsque, improvisé taximan, je l'avais déposé à la crèche pour son fils. Je m'étais amusé ce jour là à l'embêter, c'était hilarant de la voir s'acharner à me frapper avec son sac, et ses petits yeux en colère me faisaient tout aussi rire. Je m'étais tout de même fait pardonner en lui offrant le trajet. Et depuis je n'arrêtais pas de la croiser à tel point que lorsque je rentrai chez moi, j'avais peur de la retrouver dans un de mes placards.

Elle n'eut pas le temps de bouger. Je me penchai subitement en avant, l'entrainant avec amusement dans ma "chute". Elle se retrouva sur mon dos et aussi légère qu'elle était, je n'eus aucune difficulté de la soulever. "Je vous dépose où cette fois ?"