« Ever since puberty everybody stares at me boys, girls, I can't help it baby, so be kind, and don't lose your mind, just remember that I'm your baby. » Une seconde d'inattention, la seconde de trop et je me retrouvais emboutée dans le feu rouge. Et merde, pourquoi ils mettaient pas ces foutus feux ailleurs qu'au milieu de la route, c'est un appel à l'accident ces machins. C'était bien ma vaine, je venais de griller un feu rouge, éclater ma voiture, tout ceci sous le regard hilare des policiers en pause clope. Oui car moi je ne fais jamais les choses à moitié, quand j'ai un accident et que je nique le code de la route, j'le fais directement devant le commissariat, comme ça pas besoin d'me chercher loin pour me mettre en cellule, c'est plus pratique. « Bonjour, je viens pour faire une déclaration d'accident. » « Manu, y'a la blondasse qui s'est empalée qui veut faire une déclaration, si elle est pas mignonne. » « La blondasse est toujours là. » Crétin. Il pleuvait des cordes, j'étais trempée, ma robe s'était arrachée dans mon extirpation acrobatique de la voiture et l'autre policier voulait jouer les malins ? Pourquoi, pour une fois, je pouvais pas tomber sur un type réglo, qui louche pas sur mes seins pendant que je parle, qui me prend au sérieux malgré mes cheveux blonds, un mec normal, bon dieu tout ce qu'il y a de plus commun. Puis si il pouvait m'inviter à prendre un café aussi, je refuserai pas, j'suis trop bien élevée. « Prenez un ticket et attendez votre tour mademoiselle. » Attendre mon tour ? Ça grouille pas de monde un commissariat un mardi soir. C'était même désertique, déprimant. Heureusement que j'ai vite raté ma vocation de flic, quelle pauvre vie. « Je suis seule, je vois pas qui je dois attendre. » « Le Bon Dieu. » Comique en plus d'être crétin, la soirée promettait d'être longue.

J'attendais maintenant depuis plus de vingt minutes. Le mec avait eu le temps de se crotter le nez deux fois, boire un café, s'engueuler avec sa copine au téléphone, texter avec sa maîtresse et pisser trois fois. Et moi je pourrissais sur ma chaise, en attendant le Bon Dieu. C'est ce moment qu'elle choisit pour entrer, ou plutôt dirais-je pour se pavaner à la station de police, entre deux textos, deux chatroulettes, deux crottes de nez que sais-je. Je ne la reconnus pas du premier coup, bien trop occupée à enrager seule dans mon coin; mais mon sang ne fit qu'un tour à l'écoute du son de sa voix. Bordel ! « Bonsoir, je voudrais déclarer un vol de joaillerie, il a eu lieu- Sasha ! » Ce ne pouvait être qu'elle, qu'elle, cette blonde qui avait débarqué à Copenhague un beau matin, sortie de nul part, et s'en était allée une belle nuit, sans un mot pour personne. Mais elle était cool Sasha, elle était fraîche, elle changeait de tout ces danois que je connaissais par coeur. J'étais à milles lieux de penser la revoir un jour, mais qu'est-ce que ça faisait du bien.