Regard agacée vers ma montre. Un soupire s’échappe de ma poitrine alors que je sors mon téléphone, recherchant déjà une excuse plausible auprès de Katarina pour expliquer mon retard. Un nouveau soupire m’échappe, tandis que je pianote sur les touches ridiculement petite de l’appareil. J’imagine déjà son corps filiforme n’attendant que moi sur ses draps de soie pourpre, son sourire froid et cette lueur cupide qui brille dans ses iris dès que je passe le pas de son appartement. Mon prénom résonne dans l’appartement mais je l’ignore, visiblement préoccuper par me corps de mon amante qui se dessine dans ma tête. « Tyler ! » La voix féminine se fait plus forte auprès de moi, je range mon téléphone prestement et tourne la tête pour décocher un regard agacé vers la petite blonde qui se tiens devant moi, les poings sur les hanches. Aubrey. Je parcours son corps mince d’un regard vide. J’ignore pourquoi je partage toujours ma vie avec elle, l’habitude sans doute, souffle une petite voix dans ma tête. Je le revois sur les bancs de la fac, son tempérament de feu, son rire cristallin qui enchantait mes jours. A l’époque, je me souviens m’être dis quelques choses du genre « cette fille changerai ma vie ». La naïveté sans doute, l’espoir fou de fuir mes responsabilités auprès de cette douce créature, de me construire une vie pleine de passion. Je n’ai jamais crus a l’amour, du plus loin que ma mémoire me permette de remonté j’ai toujours dénigré ce sentiment. Pourtant lorsque les trois mots magiques ont glissé sur les lèvres d’Aubrey, une émotion sans nom m’a chaviré le cœur. Je n’ai rien a répondu a l’époque, et elle est partie. Ce fut notre première vrai sujet de dispute, mon incapacité à lui mentir a ce propos, a souffler ces quelques mots. Puis au fil des années ; un simple « moi aussi » a parut lui suffire. « Tyler », a-t-elle répété en mâchonnant sa lèvre inferieur. J’ai toujours trouvé ce geste stupide et puérile sur toutes les autres filles, pourtant sur Aubrey c’était différent. Une douce vibration à secouer le pan de mon blouson, et je me suis souvenu de Katarina. Coucher avec d’autre ne m’a jamais dérangé, du moment qu’aucun journaliste ne découvrait la vie de débauche que je m’autorisais et que la femme qui partageait ma vie fermait les yeux sur l’odeur de jasmin, de rose ou autres, je m’en moquais. Me préoccuper du cœur écorché de la jeune femme ne m’a jamais traverser l’esprit, ses regards ternes et sa peau beaucoup plus pâle lorsqu’elle prenait conscience qu’elle n’était pas la seule dans ma vie … tout m’indifférait. Elle m’aimait. A en perdre la tête, je le savais et je n’hésitais pas à en profiter. « Je suis enceinte Ty’ ». Un bus m’écrasant au coin de la rue n’aurait pas fait plus de dégât. J’ai ouvert la bouche pour dire quelques choses et l’ai refermé tout aussi vite. Qu’est ce que c’était que ces conneries ? Jamais je n’avais eu l’intention de passer ma vie avec Aubrey, ni même avec qui que ce soit d’ailleurs. « Quoi ? » Elle a haussé les épaules tristement avant de détourner le regard. Ma gorge s’est nouée douloureusement, tandis que les conséquences de sa révélation se répercutaient dans mon esprit. Ma vie était fichu. Je devrais l’épouser, malgré son niveau social inferieur au mien, mon paternel exigerait que je fasse ce qui était de mon devoir. Si Hunter s’était retrouver dans la même situation sans doute se serait-il contenter d’éclater de rire en conseillant a la demoiselle de prendre rendez vous dans une clinique et de lui envoyer la note. Mais moi, je ne pouvais pas. Le rôle du fils prodigue me collait a la peau depuis bien trop longtemps. Fébrile, j’ai avalé péniblement ma salive avant de porter a nouveau mes yeux sur elle. Des perles salés glissaient sur ses joues creuses, simulait-elle ? Avait-elle devinée que je comptais mettre a terme à notre histoire ? Quelle importance à présent, songeais-je le cœur serrée. La fatalité de la vie venait de me frapper avec force. « Nous allons devoir nous marriez », ai-je chuchoté encore sous le choque. Ma toute nouvelle fiancée a hoché la tête distraitement, fixant ses mains qui se nouait et se dénouait sans arrêt. Le bourdonnement de mon téléphone a brisé le silence pesant qui s’était installer, un coup d’œil à l’identité de l’appelant m’a fait soupirer. A croire qu’il était doter d’un sixième sens, le gouverneur de père m’appelait a cet instant précis. « Ouvre le champagne, Papa. Je vais me marier ! Aubrey viens d’accepter ma demande en mariage », ai annoncé avec un enthousiasme fin. Tu parles d’une bonne nouvelle ! Foutu destin à la con !