please, accept my shine.

Ma vie a toujours été une grande déception. Aussi bien pour moi que pour les gens qui m’ont entouré. Mes grands-parents ont toujours été assez cru, et ils ont toujours manifesté leur mécontentement quant à la liberté que me laissait ma mère, sans trop savoir pourquoi elle cédait au moindre de mes caprices. Seuls mes parents savaient pourquoi j’avais besoin de tout cela, eux seuls savaient et c’était mieux que si tout le monde le savait, vraiment mieux. On m’avait toujours inculqué le fait qu’un échec était une manière de remonter encore plus haut qu’avant, et j’avais toujours tenté de mettre en œuvre cette phrase que me disait toujours mon père, cependant, quand on a vécu une chose aussi horrible que celle que j’ai vécu – à savoir le viol – comment peut-on vouloir remonter encore plus haut qu’avant ? Pour qui le faire ? En plus de cet acte que ma mère avait qualifié d’irréparable au procès, mes parents ont divorcé. On peut dire que j’ai vécu en enfer le temps de plusieurs mois. Un divorce, habituellement on s’en remet, c’est mieux que si l’un des parents était mort, je veux dire, cependant c’était une addition de choses qui faisait que je me sentais vraiment au plus bas. J’aurais pu préférer me concentrer dans mes études, mais à la place de ça j’ai préféré choisir la faciliter, faire du sport, sculpter mon corps, finement pour ne pas avoir à dire bodybuilder, ce qui est clairement repoussant, j’ai pris l’option du mannequinat, sans étude, dans tous les cas j’avais un boulot qui rapporterait. Ma mère étant créatrice de mode, participant à toutes les fashion week, de prêt ou de loin, elle avait un très gros impact sur le monde de la mode. N’étant pas la plus grande, je pouvais moi espérer être repéré par un des plus grands, ce qui fut le cas. Depuis, ma vie ne se résume pas à une galère, à des merdes avec le robinet de la cuisine qui fuit, ni même aux chiottes bouchées, ou encore au gaz pleins d’huile de friture, oh non. Ça se résume plutôt à de magnifiques hôtels, à des fringues que j’ai l’honneur de porter sans même que la collection soit sortie et pourtant, est-ce que j’ai autant de mérite qu’un médecin qui sauve des vies ? Et bien oui, parce que le médecin il en perd aussi des patients. C’est une manière bien triste de se consoler et pourtant ça m’aide. Je ne me suis jamais senti important comme un médecin peut se sentir important lorsqu’il rend à une famille quelqu’un en bonne santé, guéri. Je n’ai jamais vu dans le regard de mes amis une quelconque importance, juste de brefs regards me poussant à partir tant ils étaient noirs de rage. Les journées étaient très agitées ces derniers temps. Je ne me faisais toujours pas à la ville que je fréquentais, Rosemont. Rien que le nom m’avait inspiré la campagne et l’odeur repoussante de la non-ville. M’enfin, c’était le meilleur moyen pour m’évader, oublier mon passé et pour continuer mon métier. Là, les avions circulaient souvent, du moins je l’espérais en arrivant. Je résidais dans un hôtel, en attendant qu’un appartement correspondant à ma description se libère ou soit construit. Depuis quelques jours, semaines je dirais même, je croisais le regard de cette réceptionniste. Elle était vraiment très jolie. Dans son regard, j’avais l’impression d’être important. Elle ne savait pourtant peut-être pas qui j’étais – ce qui entre nous blesserait mon putain d’amour propre – et pourtant j’aimais l’image que je voyais de moi dans ses yeux. Naturellement courageux et plutôt charmeur, je n’avais pas hésité, un jour où j’avais du temps, à aller l’aborder. « Bonjour… Teresa, d’après ce que je lis sur ton badge? »