« Et il fuit. Il fuit entre mes doigts, même quand je serre les poings. »

Calixa Zelda Vasilis, patronyme qui représente le seul souvenir de ses origines, de son lieu de naissance, la Grèce ♣ La belle a aujourd'hui dix-sept ans, elle fêtera ses dix huit au moi de juin, le six plus précisément ♣ Elle étudie la photographie et espère bien réussir dans ce domaine qui la passionne ♣ La photographie est l'une de ses passion mais, la plus imposante est encore le théâtre, c'est la seule échappatoire de Calixa, paradoxalement, le seul moment où on a l'impression qu'elle est elle-même ♣ Elle adore sa guitare, elle peut en jouer pendant des heures et des heures ♣ Le silence est une chose qui l'effraye vraiment, il faut qu'il y est constamment du bruit autour d'elle. ♣ Elle est célibataire mais, pourtant amoureuse d'un homme... marié, avec quelques années de plus qu'elle ♣ L'absence de son père a toujours été très difficile à supporter pour elle, peut-être parce qu'elle l'a vu mourir ♣ Sa mère est remariée depuis peu avec un homme qu'elle n'aime pas du tout et qui se trouve être le père de la petite amie de son grand frère qui devient par conséquent... sa demi-soeur, un beau bordel !♣ Le groupe de la Famille Adams lui va très bien. ♣

« Calixa ? Où étais-tu ? » Je sens l'inquiétude percée sa voix de mère dépassée par les évènements. Je souris et hausse les épaules. Qu'est-ce que ça peut lui foutre ? Je monte dans ma chambre, sans un mot. Aujourd'hui ça fait sept ans que mon père est mort devant mes yeux. J'avais dix ans quand il s'est pris une balle. Flic chez les stups, il était venu me chercher à la sortie de l'école. Une voiture s'arrête, une belle BM noire. Une arme pointée sur lui, un bruit sourd, le monde qui tourne au ralentit, mes cris, le sang, mes larmes, ma douleur, le choc, les urgences. Je ne me suis jamais remise d'avoir perdu mon papa. J'étais très proche de lui. Quelques mois après ça, j'ai fait une tentative de suicide. Du haut de mes dix ans. La peine était trop lourde pour moi. J'avais cette infâme sensation d'être seule. Les années passaient et systématiquement, quand ce triste anniversaire arrivait, je déprimais et bien souvent on était obligé de m'envoyer à l'hôpital pour que je m'alimente. Je ne veux pas qu'on me plaigne. Je ne veux pas qu'on ait pitié. Je ne choisis pas mes réactions contrairement à ce que certain peuvent penser. J'ai commencé à accepter la mort de mon père à mes quatorze ans, du moins je n'étais plus forcée d'aller à l'hôpital mais, je n'allais pas bien pour autant. C'est à mes seize ans, quand j'ai surpris ma mère au lit avec un homme que je connaissais ni d'Adam ni d'Ève que j'ai retrouvé l'hôpital. C'est aussi là qu'on a déménagé soit disant parce que Boston m'empêchait de faire mon deuil. Une connerie de plus. C'est ma mère, elle est comme ça. On ne se comprend pas. Je m'allonge sur mon lit. Je regarde le plafond en allumant un petit joint. Je n'ai rien fait cette année. Pas de déprime, pas de tentative de suicide. J'essaye d'avancer. Comme toujours. Mais, il me manque terriblement. Je ne crois pas à une vie après la mort. C'est peut-être pour ça que l'épreuve est dure à surmonter. Je me demande chaque jour s'il serait fier de moi. Avec un joint à la bouche, je suis certaine que non mais, sans ? Peut-être ou peut-être pas. Je ne fais pas grand-chose de ma vie. Et puis je m'embarque dans de drôles d'histoires. Je fréquente un homme en apparence respectable, c'est un médecin -il est donc plus âgé que moi- et il est marié avec un enfant. Il n'a jamais vraiment aimé sa femme. Elle l'aime de tout son être. Moi dans tout ça ? Je suis la fille qui résiste à baiser avec mais, avec qui il a une relation très ambiguë. Je suis celle à qui il murmure « je t'aime », celle qu'il vient voir après le boulot, celle à qui il consacre des nuits entières, celle à qui il ne veut pas parler de sa femme et de son enfant parce que ça lui rappelle sans cesse qu'on ne peut pas. Je l'aime sincèrement, je me sens comme piéger. Néo n'approuve pas du tout cette relation. Néo c'est mon grand frère. Il est comme un ange, celui qui me protège de tout. Il ressemble tellement à papa. Il donnerait sa vie pour moi et je ne compte plus le nombre de soir où il a planté ses copines pour me venir en aide. Je me souviens de ses regards quand j'étais à l'hôpital, ils étaient vides, comme si la fin du monde l'avait frappé. Quelqu'un frappe à la porte. Je ne prononce pas un mot mais, une petite tête blonde se glisse dans l'entrebâillement « On passe à table, tu viens ? » Ma demi-soeur, la copine de mon frère. Que cette histoire est tordue d'ailleurs. Enfin, Néo n'y est pour rien si maman s'est remarié avec ce connard insupportable qui n'est d'autre que le père de sa petite amie. Enfin bref, je lui souris timidement avant de descendre. Je n'ai pas faim mais, je vais essayer de manger malgré tout.