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 you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU.

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SANS NOM

SANS NOM

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MessageSujet: you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU.   you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU. EmptyLun 25 Juil - 23:42

cause if one day you wake up
and find that you're missing me

C'est donc dans cette soirée miteuse qu'ils ont tous décidé de m'entraîner. Eux, les huit autres. Ils m'ont bercé à coup de « Allez viens, ça va être fun. Je paie la première tournée ! » Ce n'est pas vraiment le genre d'Hunter, mais pourquoi pas. Je sais qu'il utilise ses bonnes phrases bidons, ses vieux tours qu'il me sort depuis qu'on a l'âge de boire légalement pour m'amadouer, car finalement, tout ça n'est qu'un jeu pour lui. « Oh allez, fais pas ton rabat-joie, tout le monde sait déjà que c'est moi qui suis plus forte que toi au jeu des shots. » L'élégance incarnée ou ma soeur jumelle Leela, qui me taquine gentiment d'un léger coup de hanche. « Il faut que tu viennes » entreprend Thaïs, collègue et amie. « Tu voudrais pas que Sasha rentre avec un autre que toi. » La conversation continue, mais j'ai l'impression que tout le monde tend furtivement l'oreille et attend ma réponse. Je lève les yeux au ciel, dans un simple haussement d'épaule. Ils n'auront rien d'autre ce soir. « Laissez tomber, vous n'obtiendrez rien de lui ce soir. Monsieur est juste trop épuisé par sa semaine de boulot, c'est vrai qu'il approche bientôt des 80 ans. » Comme toujours, Jeremiah est d'excellente humeur. Il brasse l'air de la main et fait volte-face, déjà prêt à partir. C'est dans son attitude que je comprend qu'il ne veut pas de ma présence avec eux. C'est pourtant bien ce qui me décide à accepter. « Laissez-moi deux minutes. On se retrouve en bas. » « Ouais, Ken doit mettre son gel. » Mon dieu quel humour. On voit bien de qui il tient.

Finalement, peut-être que j'ai bien fait de les suivre ici. Je sais que Sasha sera là, je crois que c'est d'ailleurs cet argument qui m'a fait flanché. Car quand ça touche à Sasha, je ne peux rien prévoir. Je suis un tout autre homme, reconnaissant à peine le reflet que je croise dans le miroir lorsqu'elle se trouve à mes côtés, car seule l'image d'un Swann et d'une Sasha côte à côte, main dans la main, souriants, heureux me paraît irréelle, impossible. Il est plus facile de croire au rêve lorsque cette idée vous effleure depuis tellement longtemps qu'elle en devient presque ridicule. Parce qu'un Swann et une Sasha, main dans la main, souriants et heureux, ça n'existe pas. J'ai le coeur à dire que cette image qui hante et mes nuits et chacune de mes journées était pourtant bien réelle, et je m'accroche sans cesse au plus petit espoir, à la lueur vacillante dans le noir qui murmure et me nargue. « Tu n'as qu'à tendre la main » qu'elle m'intime, presque maternelle. « Tends la main, et tout ce que tu as toujours voulu te reviendra » Ah, la belle affaire. j'ai souvent tendu la main. Où étais-tu lorsque j'ai tendu la main à m'en glacer les doigts ? Où étais-tu lorsque j'ai tendu la main en priant pour que tu l'attrappes ? J'ai tendu la main et tout ce que j'ai récolté se sont tes doigts frôlant les miens. Pourtant, je continue à espérer. Je t'espère. Je nous espère. Je t'attends, mon amour... Tu ne le vois donc pas ? Tu ne vois pas que si je suis là ce soir, c'est pour toi ? C'est pour te voir dans cette robe qui te va si bien. C'est pour te voir replacer une mèche derrière ton oreille, c'est pour te voir sourire timidement en voyant ceux qui constituent ta vie. C'est pour toi toute entière. Pour tes défauts, et tes qualités. Surtout pour tes défauts. Parce que tu sais que c'est avec tes défauts que je t'aime. Sans eux tu ne serais pas Sasha. Tu salues tout le monde d'une étreinte et pourtant, tout ce que l'on s'offre c'est un signe de main, gênés. Traîner avec ses ex, c'est embarrassant. Pourtant, personne ne remarque rien. Je vais habilement saluer Teddy et Hailee qui n'ont pas fait le chemin avec nous, tu vois c'est déjà oublié. Il suffit d'éviter tout contact avec toi lorsque l'on s'installe autour d'une table, et les autres n'y verront que du feu. Pourtant je ne peux pas m'en empêcher. Mon regard se pose sur ton visage et je ne peux déjà plus m'en détacher. C'est gênant, surtout quand tu me surprends. Un peu comme maintenant. Tu prétends t'occuper de ramener les verres à la table pour t'échapper quelques instants, et il me suffit de prétexter prendre l'air pour venir te rejoindre lorsque j'ai l'impression que tu es déjà partie trop longtemps. « Tu es étonnamment sage ce soir. »
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Sasha-Izoenn Macklin

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MessageSujet: Re: you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU.   you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU. EmptyMar 26 Juil - 17:25


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I have been finding puzzle pieces of us kept in the dust, I have been hiding letters and photographed frames to forget your name.


« D'après vous, qui a mis tout le monde en retard cette fois-ci ? » Le regard plongé dans le fond de mon verre d'alcool, je constate que je me suis laissée emporter ailleurs, là où les horizons sont plus clairs et jolis. Ces derniers temps, je fuis un peu trop souvent la réalité, préférant aspirer à un monde plus paisible, monde qui n'existe d'ailleurs que dans mes entrailles. « Sasha, bon sang, reviens sur Terre ! » Je lève les yeux vers Teddy et constate que le ton qu'elle a employé pour m'intimer l'ordre de me taire n'était en fait qu'un élan de plaisanterie. « Jeremiah et Swann ont encore dû se chamailler pour choisir qui conduirait... » La remarque de Hailee nous fait sourire et j'imagine doucement diverses explications au retard du reste de la bande. Si officiellement je suis impatiente de les voir arriver, officieusement, la tempête me secoue les organes et fait battre mon cœur un peu trop vite, un peu trop fort aussi. C'est comme ça avant chaque retrouvailles, avant chaque rendez-vous. C'est comme ça parce qu'il y a tous les autres, parce qu'il y a surtout lui. Swann... Est-ce que tu viendras ce soir ? Est-ce que tu trouveras une excuse comme je l'ai fait la dernière fois ? Je crois qu'on est tous les deux trop à l'ouest, le cul entre deux chaises, à essayer de faire le bon choix tout en sachant pertinemment qu'il est déjà fait et qu'on est juste trop bête pour l'admettre. Ou alors peut-être qu'on a rien choisi, que ça s'est imposé à nous et que oui, ça nous fout les boules. Quoi ? De voir qu'on cache notre histoire comme deux clandestins sans papiers, comme deux pauvres cons dépassés par la vie, dépassés par l'amour... « Tu aurais pu nous attendre avant de commander un verre ! » Jeremiah, qui d'autre ? « On ne fait jamais attendre une fille, poussin. » lancé-je dans le vide : mon frère est déjà assis près de ma meilleure amie et parle avec elle de la chanson qui passe actuellement en fond sonore, chanson que je ne connais absolument pas. « Vous voilà enfin ! » Je suis Teddy et embrasse mes amis un par un, expédiant le plus rapidement possible la rencontre avec Swann, moins par plaisir que par peur d'éveiller les soupçons si je reste trop longtemps près de lui. T'es beau ce soir, mais bon, tu étais beau hier. T'es beau quand tu fais semblant d'avoir oublié, et encore plus quand tu danses sur tes pieds, comme maintenant, pour essayer de trouver ta place, pour essayer d'être l'ami...


« Je vais commander la première tournée. » annoncé-je avant de me lever -un peu précipitamment- pour fuir vers le bar. Cinq minutes qu'ils sont là et je me sens déjà oppressée, effrayée à l'idée de sentir le regard de mon ancien petit ami sur mes épaules toute la soirée. « Tu es étonnamment sage ce soir. » Je reconnais sa voix parce que j'aurais pu la reconnaître entre mille et une autres. Je reconnais son timbre parce qu'il a été ma plus jolie mélodie et qu'il caresse mes tympans depuis que je suis gosse. Il est là, dans mon dos, et j'arrive presque à sentir la chaleur qui émane de son corps. Je me sens tout à coup fébrile, tout à coup bien moins maître de mes actes même si je m'évertue à faire croire le contraire. Pourquoi ? Parce que c'est comme ça entre nous, rien n'a jamais été simple et rien ne le sera jamais, comme si nous ne sommes pas faits pour cette histoire et que nous nous sommes battus trop longtemps contre des vents violents qui ont fini par avoir notre peau. Alors on fait semblant d'être satisfait de ce que la vie met entre nos mains, on fait semblant d'avoir oublié ce fruit qui grandissait en moi, semblant de ne pas remarquer qu'en le quittant trois ans, on a perdu l'espoir, la complicité et puis le reste. On fait semblant d'aller bien et pourtant la vérité me crève les yeux, la vérité me crève le cœur, ce vieil organe gorgé de sang qui me joue des mauvais tours à longueur de journée. Qu'est-ce qui nous sépare maintenant mon Amour ? Quelques misérables centimètres ? J'ai tellement l'impression que tu es loin, l'impression que si je tends ma paume vers ta silhouette, elle va disparaître comme un amas de poussière qu'on disperse dans l'air... « J'ai toujours été une fille discrète Swann... Ça te surprend encore aujourd'hui ? » murmuré-je en me dévissant le cou un court instant, incapable de résister à l'attraction de ses yeux. Je me surprends à fouiller dans ceux-ci à la recherche de réponses. D'où vient donc la naïveté qui transpire à travers sa question ? Comme s'il n'avait rien trouvé de mieux à dire et qu'il avait quand même voulu me faire savoir qu'il m'avait suivie, que je n'étais et ne serais pas seule ce soir. « Ce sera quoi pour toi Blondie ? » Le barman fait éclater la bulle qui nous permettait de rester encrés dans le passé et je suis obligée de lâcher son regard, le posant sur l'homme qui me fait face. « Neuf Manhattan, s'il vous plaît. »
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SANS NOM

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MessageSujet: Re: you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU.   you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU. EmptyMar 26 Juil - 20:43


« Je vais commander la première tournée. » Je déteste ça. Je déteste qu'elle me fuie, je déteste encore plus la suivre. Mais c'est comme ça que ça fonctionne, pas vrai ? Fuis-moi je suis, suis-moi je te fuis... C'est la règle. Et personne n'échappe à la règle. Pas même nous. Alors c'est ce que je fais, peu importe que j'en ai envie ou non. Je m'élance à sa poursuite lorsqu'elle me tourne le dos, je la rattrappe avant que le vent ne l'emporte trop loin. J'ai parfois l'impression que rien à changer entre nous. On ne se comprend toujours pas. On se cherche, on s'évite. On s'engueule, plus qu'il ne faudrait. C'est tellement facile d'éviter les sujets dangereux. Tout est plus simple quand on ne parle que de la pluie et du beau temps. Je crois que ce qui nous fait vivre, c'est justement notre façon d'éviter les problèmes. Pourquoi aller au devant des confrontations, hein ? Tu crois vraiment qu'on existerait encore, qu'il y aurait encore un "nous" si on parlait de ma jalousie maladive, de ton départ, de ce bébé perdu, de ce mec que t'as sauté et de toutes les femmes que j'ai invité dans mon lit ? Tu crois vraiment qu'après tout ça, il y aurait toujours un "Swann & Sasha" ? "Swann & Sasha" n'ont déjà plus aucun sens. Ils ne veulent plus rien dire parce qu'il y a trop de problèmes à régler. Ce n'est pas entièrement ta faute, ni entièrement la mienne. On est à mi-chemin. A force de raccourcis tout ce qu'on récolte ce sont des erreurs. Nos erreurs, nos plus beaux trophées. Toi et moi, on est des champions. Des champions de la connerie. Sans ces trophées, tout aurait été différent. Mon ballon n'aurait jamais cogné ton crâne et on ne se serait pas rencontrés. Sans nos erreurs, tu ne serais pas revenue non plus à Rosemont, et moi, je ne passerai pas mon temps à courir après l'inaccessible. Mais finalement, ce sont nos erreurs qui me gardent envie. Nos erreurs qui me poussent à me lever le matin, nos erreurs qui me hantent le soir. « Plus rien ne m'étonne de ta part, mon... » Et merde. Pourquoi faut-il que ces vieilles habitudes persistent ? Ma tête s'incline légèrement sur le côté, je continue de sourire doucement. Mais je ne trompe personne. Heureusement, je n'ai pas le temps de tenter de me rattraper. Je ne pensais jamais dire ça un jour, mais je n'ai jamais été aussi heureux de voir Jeremiah s'incruster. « Tu peux pas t'en empêcher, hein ? Toujours derrière le cul de ma soeur comme un fidel petit toutou. T'aurais dû la suivre au bout du monde aussi, quand elle t'a largué. » Et voilà. Je n'avais eu droti qu'à quelques instants avec Sasha et j'avais tout ruiné. En fait non, Jeremiah avait tout ruiné, mais ça, c'était une de ses nombreuses habitudes. Mais ce soir, je suis lassé de devoir me battre avec lui. Après tout, sa soeur me gonfle bien assez comme ça. « Barre-toi, Jer. Je dois parler à ta soeur sans qu'on écoute aux portes. » Je ne sais pas ce qui le fait réagir, en tout cas il retourne à sa place. En attendant, je donne la commande des autres au serveur, qui ne semble avoir que d'yeux pour Sasha. Alors c'est lui son nouveau mec ou j'ai loupé un épisode ? Je roule des yeux, froisse le nez, hausse les épaules puis finalement je scrute le pauvre serveur qui part faire son boulot quand il comprend qu'il est tombé dans un truc où il n'avait pas sa place. Mon éternel sourire suffisant refait surface, autant que je sens monter en moi la confiance qu'il me manquait. Cette fois, je ne te laisserai pas gagner, Macklin. « T'es vraiment magnifique ce soir. » Que le jeu commence.
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Sasha-Izoenn Macklin

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MessageSujet: Re: you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU.   you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU. EmptyMer 27 Juil - 0:53


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The weight of water, the way you told me to look past everything I had ever learned... The final word in the final sentence you ever uttered to me was love.


« Plus rien ne m'étonne de ta part, mon... » Pas ce soir, s'il te plait. Pas ce soir. Je n'ai pas envie de jouer à ce jeu que nous ne connaissons tous les deux deux que trop bien. Je n'ai pas envie de replonger dans tous ces souvenirs qui affluent déjà dans mes veines, encore moins envie de me rappeler que ce ne sont bien que des souvenirs et que notre futur est allé se faire foutre un soir d'hiver sans vraiment nous laisser choisir notre propre chemin. Je n'ai plus envie de jouer avec Swann, et parfois, je me dis que ne jamais revenir aurait peut-être été plus simple. Je n'ai plus envie de jouer parce que je déteste le fuir, lui et son regard ténébreux, lui et son sourire enfantin. J'aimerais juste changer de jeu, trouver quelque chose de moins difficile à tenir, arrêter de sortir la carte de l'amour à chaque rendez-vous collectif. Tu n'en as pas marre, toi ? Je suis fatiguée mon Amour, j'aimerais m'endormir et me réveiller à l'aube de mes dix-sept ans, au creux de tes bras. J'aimerais m'endormir et me réveiller à l'aube de mes trente ans, dans les bras d'un autre. « Tu peux pas t'en empêcher, hein ? Toujours derrière le cul de ma soeur comme un fidèle petit toutou. T'aurais dû la suivre au bout du monde aussi, quand elle t'a largué. » « Barre-toi, Jer. Je dois parler à ta sœur sans qu'on écoute aux portes. » La venue de mon frère ne me surprend qu'à moitié. Son départ précipité davantage. Je me rends compte que cette fois, je ne peux pas échapper à Swann, encore moins à tout ce qui se balade en moi lorsqu'il est dans les parages. Maudissant presque mon frère de m'avoir laissée seule, j'inspire doucement et fais semblant de me concentrer sur les gestes du barman. Tu crois que je n'ai pas remarqué la manière dont tu le regardes, la manière dont tu fronces les sourcils pour lui faire comprendre qu'il n'a pas le droit de me dévorer du regard, de me dévorer tout court ? Faut qu'on arrête tout ça mon Amour, on fonce droit dans le mur et on risque de finir sous terre avant l'heure. Faut qu'on arrête mon Amour. Tiens, ces petits surnoms aussi faut qu'on les envoie valser. Parce que la vérité, c'est que parfois ça fait mal d'aimer quelqu'un trop fort. Oui, parfois, ça ne crée rien d'autre que du chagrin, beaucoup trop de chagrin...

« T'es vraiment magnifique ce soir. » Je me cogne contre son compliment et le vrille du regard, surprise. Je ne sais pas si ça me fait du mal ou du bien, si la plaie se referme ou dégueule du sang deux fois plus vite. Je crois que je tremble un peu, même si ça ne se voit sans doute pas. Je crois que je ris et pleure, meurs et vis cinquante fois à la seconde. Je suis l'animal pris en cage, l'enfant qui a peur du noir, cette cancéreuse qui rechute. Je suis amoureuse. Depuis hier. Jusqu'à demain. Quand je dis jusqu'à demain, je parle de chacun des lendemains qui suivront demain, je parle de chaque jour qui défilera après celui là et même deux ceux qui ne défileront pas. Jusqu'à la fin du monde, enfin... La fin de notre monde, aussi proche soit-elle. « Seulement ce soir ? » le taquiné-je. Il s'installe à côté de moi au comptoir et je lutte, encore et toujours, pour ne pas glisser mes doigts le long de son bras nu. La proximité physique qu'il y a entre nos deux corps crispe chacun de mes muscles et m'oblige à faire deux fois plus attention. « La belle est servie. » Et bien sûr que la situation est complètement ridicule, bien sûr que cette femme qui bouffe littéralement Swann des pupilles me trouve pathétique, bien sûr que ce barman ne comprend pas pourquoi mon ancien petit ami ne s'est pas encore jeté sur moi, l'âme en proie au réconfort. Personne ne comprend. Ni eux, ni lui, ni moi. Parce qu'il n'y a rien à comprendre, parce qu'on est rien d'autre que deux abrutis passionnés par leur plus grand malheur, deux abrutis asphyxiés par du vent. « Cap ou pas cap de dire à la conne qui t'aguiche à ma droite et pense que je ne remarque rien que tu as une mst ? » Je le défie tout en poussant devant lui un des verres en attendant un cul sec... Et... Et puis je me ravise en devinant que j'entre dans le plus dangereux des jeux et que je risque d'y laisser ma peau, peut-être la sienne. A choisir, je préfère y laisser la mienne mon Cœur... « On devrait retourner avec les autres avant qu'ils ne se posent des questions. » Je désigne du menton l'arrière de la salle et recule le haut tabouret, prête à fuir. Encore.
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MessageSujet: Re: you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU.   you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU. EmptyMer 27 Juil - 23:25


« Seulement ce soir ? » Sa remarque me fait sourire, je me retiens de rire. Finalement, ce n’est pas si mal. C’est mieux que de ne pas l’avoir du tout. Parce que dans chaque couple qui se sépare, la procédure est longue avant de seulement tolérer la présence de l’autre dans la même pièce. Le chemin est long, graveleux, puis finalement, on se dit bonjour dans un sourire. Avec un peu de chance, on s’échange quelques banalités. Puis petit à petit, en laissant faire le temps, on finit par discuter. Ce n’est que quelques mots au début, mais ça revient naturellement. C’est comme le vélo. Ca ne s’oublie pas… Puis finalement, après être passé par toutes ces étapes, toutes ces phases, ridicules, seulement s’il ne restait pas de la rancœur inavouée quelque part ou que les deux amants se soient retrouvés dans un lit, leurs vêtements accidentellement arrachés et jetés au sol, la plaisanterie s’ajoute presque naturellement. « Tu marques un point. » Je retourne à la contemplation du serveur, c’est qu’il est drôlement long pour servir quelques verres. Peut-être que c’est seulement lorsque je croise les prunelles de la couleur du ciel après une tempête, que le temps s’arrête, se fige et se multiplie. Nous, nous avons passé toutes les étapes, je pense. Evidemment, ça n’a pas été facile. Il y a eu les retrouvailles, la rage incontestée, l’incompréhension, la tristesse, l’angoisse, l’exaspération, la joie, tant d’émotions et de sentiments tombés à la renverse, mélangés comme de vulgaires feuilles de papiers qui tombent d’un trieur. Je crois que l’étape du jour, c’est le déni. Il reste tant de choses que nous n’avons pas réglé, que nous avons enfui en nous pour prétendre que tout allait désormais bien. C’est fou, hein ? Comme nous sommes de bons acteurs. Tu prétends être la fille sans problèmes, qui ne reproche rien à personne, et moi je prétends être le mec sans attache. Ces blagues parfois, ses disputes qu’on partage pour n’importe quoi, finalement c’est peut-être tout ce qui nous rattache l’un à l’autre, désormais. Parce que s’embrouiller pour savoir qui tiendra la télécommande, qui choisir le programme télé ou la saveur des pizzas du dîner, c’est tout ce qu’il nous reste. Sans tout ça, on aurait rien à se dire. Rien, mis à part ressasser le passé me blâmer, te blâmer pour ce qui est arrivé, et peut-être que cette fois on se perdrait pour de bon. Mais comment faire, maintenant qu’on en est là ? Qu’est-ce qu’il faut faire, pour que tu m’accordes ta confiance ? Dis moi, mon amour, je ferai tout. Juré. Craché. Parce que je suis coincé dans un ravin au beau milieu de la nuit, et personne n’entend mes appels au secours. Personne. Mais toi tu sais où je suis, et tu ne viens pas me chercher pour autant. Tu me laisses suffoquer, tu entends ma voix se briser et tu laisses les battements de mon cœur s’arrêter. Mais je ne t’accuse pas, mon amour. C’est ce que nous sommes, après tout. Des monstres qui s’arrachent le cœur et se nourrissent de nos angoisses, des fantômes qui reviennent des morts pour visiter la femme abandonnée. « Cap ou pas cap de dire à la conne qui t'aguiche à ma droite et pense que je ne remarque rien que tu as une mst ? » Quelle conne ? Ma tête pivote et je découvre cette femme, souriante, provocante, sirotant son cocktail à deux doigts seulement de moi. Mais je ne l’avais même pas vue. Je n’ai d’yeux que pour toi, mon cœur… Tu ne le sais donc pas ? « Sasha Izoenn Macklin, serais-tu… jalouse ? » La soirée s’annonce soudainement bien meilleure. Je meurs d’envie de lui rire au visage et pourtant je me contiens, difficilement cependant. Je finis le verre qu’elle m’intime de descendre d’une gorgée, et je m’élance vers cette femme, charmeur, chuchotant à son oreille quelque chose d’à peine perceptible. « On devrait retourner avec les autres avant qu'ils ne se posent des questions. » J’expire bruyamment, je m’apprête à ravir cette demoiselle tout autant que je m’apprête à réduire les espoirs de monsieu-bien-trop-lent-à-mon-goût en cendres. Mes doigts capturent ceux de Sasha, à la vue de tous, tandis que mon bras entoure doucement ses épaules. Je nous conduis à notre table, embrassant sa tempe comme l’aurait fait n’importe quel petit-ami, non sans une dernière remarque bien prononcée. « Ma chérie, il va falloir traiter cette petite infection qu’a attrapé petit Swann, mais pas avant d’être certain de te l’avoir refilé. C’est comme ça que je sais que tu ne vas pas voir ailleurs. »
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Sasha-Izoenn Macklin

Sasha-Izoenn Macklin

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MessageSujet: Re: you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU.   you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU. EmptyJeu 28 Juil - 2:52


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And I don't want the world to see me 'cause I don't think that they'd understand. When everything's made to be broken, I just want you to know who I am.


C'est sorti tout seul. Encore un truc que je n'ai pas contrôlé. Qu'est-ce qui m'a pris ? Qu'est-ce qui me prend ? Qu'est-ce que je fous encore là, à sourire au vent, à sourire aux gens qui nous observent ? Je donne le change. Je nous invente des jours heureux dans lesquels nous ne nous sommes jamais séparés au détour d'un sentier en terre battue. Est-ce qu'ils y croient ? Sans doute. Jamais. Peut-être. Toujours. Pourquoi pas. Oui, pourquoi pas ? Ils ne seraient pas les seuls. N'y ai-je pas cru tout au long de ces seize dernières années ? Si. Plus qu'on ne peut croire en un paradis et un enfer. « Sasha Izoenn Macklin, serais-tu… jalouse ? » Bingo. D'ailleurs, ce n'est même plus de la jalousie. A quoi bon parler de jalousie quand il n'y a plus rien à perdre, encore moins à gagner ? Je ne suis pas jalouse. C'est autre chose Swann. Quelque chose de bien plus vicieux, quelque chose qui me force à penser que si tu lui tâtais les seins ce soir, je m'en irais pour te laisser continuer seul. C'est pas de la jalousie, je crois que c'est tout le reste. Toutes ces choses qu'on ne s'est pas dîtes, toutes ces choses que tu n'entendras jamais... Comme je t'aime encore, par exemple. Comme je t'aime toujours, mon Amour. « Jalouse... ou alors simplement ton ego qui te joue un sacré tour. » Soupir. « Tu mérites juste mieux que ça, Swann. » murmuré-je en désignant l'aguicheuse du menton. Le pire, dans tout ça, c'est que durant ces quelques secondes, je ne joue plus. Je suis la fille sincère dont il épousait les courbes sur un canapé miteux, la fille sincère avec qui il s'inventait un monde à part. Heureusement, Swann a toujours su m'inciter à ne pas lâcher la partie, à ne pas m'avouer vaincue. Je le regarde murmurer au creux de l'oreille de cette femme qui vendrait bien son manteau à trois mille thunes s'il promettait de la prendre contre les murs et ça me donne envie de rire. Jaune, bien sûr. Mais rire quand même. « Ma chérie, il va falloir traiter cette petite infection qu’a attrapé petit Swann, mais pas avant d’être certain de te l’avoir refilé. C’est comme ça que je sais que tu ne vas pas voir ailleurs. » Ses doigts attrapent les miens, ses lèvres effleurent mon visage et je n'écoute déjà plus. C'est tout l'effet qu'il me fait. Et je le maudis de folâtrer, de le faire parce qu'il s'agit d'un jeu et que de nous deux, il a toujours été un sacré mauvais perdant. Et je me maudis de souhaiter qu'il soit sincère, de laisser jongler devant mes yeux les images de ses mains sur mon corps. Tu m'entraînes loin du bar, tu me traînes loin de l'éphémère. La réalité me sort par les tripes mon Cœur.

« Regardez qui voilà ! » Trois paires de yeux se posent sur nous mais ils ne remarquent rien de plus que d'ordinaire : la main de Swann sur mon épaule est revenue à sa place initiale, soit dans sa poche de jean, pendant la virée à travers la foule et quelques dizaines de centimètres nous séparent. Distance de sécurité, comme on dit. « C'est bon, Swann ? Tu as dit à ma sœur combien tu l'aimais et avais besoin d'elle ? Tu nous la prêtes un peu maintenant ou il faut faire la queue ? » « Et si on allait plutôt rejoindre Hunter et Sloane sur la piste Jiah ? Il paraît que la danse permet de s'extérioriser. Promis, ta sœur viendra te border cette nuit. » Ma meilleure amie tire mon frère vers la piste de danse et je me dis, une fois de plus, que j'ai de la chance de l'avoir avec moi. On parle très rarement de ce qui se passe entre Swann et moi toutes les deux, mais je pense qu'elle a deviné que c'est encore compliqué et que lui et moi sommes régulièrement à côté de la plaque. « Où sont les autres ? » Je m'assieds sur le canapé tandis que Swann choisit de prendre place à côté de la seule personne encore présente à la table : sa sœur Leela. Mon silence est bien trop long, le sien d’avantage. Comme si mes mots ne soigneraient jamais ce que j'avais fait à son frère. Comme si les siens ne pardonneraient jamais ce qui ne l'avait au fond jamais concernée. « Ils ont vu que tu arrivais et sont partis. Quand comprendras-tu enfin que tu n'es pas le centre du monde ? » Du tac au tac. « Et quand admettras-tu que tu n'es pas celui de ton frère ? » Je m'attends à une réponse, évidemment, parce que Leela est bien trop fière pour admettre ses torts, bien trop fière pour se la fermer quand ça va trop loin. Je m'attends à une réponse, mais pas à voir un des Manhattan jonchant la table se déverser sur ma robe de soirée. Et tu vas rester là à rien faire, tu vas la laisser me ridiculiser simplement parce que vous venez du même endroit ? A quoi ça rime ? A quoi on rime ? Regarde-là me répéter que j'ai gâché ta vie, que je t'écrase le cœur chaque fois que je t'effleure. Comme si je ne savais pas que je ne suis pas la bonne. Comme si j'ignorais tout ça... Reste là à rien faire, c'est moi qui m'en vais, pour de bon... ou jusqu'à demain matin. J'ai envie de hurler, envie de chialer, de lui arracher la tignasse et de lui lapider la face. Je suis ridicule, je suis trempée, je pue l'alcool et le tissu me moule un peu trop. Je suis triste, en colère, fatiguée. Fatiguée. Je n'attends aucune réaction de Swann, je crois que je n'attends plus rien de personne. J'ai juste envie de me cacher, de m'enfouir dans un trou comme le ferait une souris et d'y hiberner. Puis de me réveiller sans problèmes, de me réveiller sans être obligée d'apprendre à oublier son prénom à longueur de journée. « Crève Leela. Crève. » Je me lève en furie, la vue brouillée et je fuis vers les toilettes des filles, je fuis vers l'oubli. Je ne joue plus, Swann. Tu as gagné. J'abandonne. Échec et mat.

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MessageSujet: Re: you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU.   you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU. EmptyJeu 28 Juil - 23:10


« Jalouse... ou alors simplement ton ego qui te joue un sacré tour. Tu mérites juste mieux que ça, Swann. » Et boum, pire qu'une gifle en pleine gueule. Pire qu'un poignard dans le dos. Un couteau dans le coeur... Que tu t'amuses à tourner encore et encore dans cette plaie béante qui ne se refermera sans doute jamais. Toi, tu ne fais que l'agrandir, la déchirer un peu plus, la déformer pour t'en servir de pantin. Tu l'ouvres à ta guise, et tu crois comme une idiote qu'elle se fermera tout naturellement après ton départ... Comme tu es naïve. Pourtant je ne dis rien, je te laisse faire. Je te laisse prendre cet organe qui pompe mon sang et je te laisse le piétiner sans rien dire. Et toi tu restes là, tu regardes chacun de mes organes s'arrêter de fonctionner un à un. Tu me regardes agoniser lentement, tu me regardes crever à petit feu et je suis presque sûr que le spectacle est à ton goût. C'en est presque malsain, mais je ne peux pas me détacher de ce qui nous retient encore. « Regardez qui voilà ! » Jamais je n'aurais pensé dire ça mais Jer me donne une sacrée excuse pour ne plus parler de tout ça. Enfin, je peux respirer de nouveau. Il faut dire qu'en présence des autres, nous ne faisons rien qui pourraient créer des doutes. Et pourtant hélas, à mon plus grand regret, les deux seules places restantes sont celles sur la banquète. Quand j'aurais voulu m'éloigner d'elle aussi loin que possible, le monde me l'amène tout près. Je m'installe sans un bruit, et pourtant Jeremiah reprend. Décidément, quand il a décidé de nous faire chier, il ne fait pas les choses à moitié. « C'est bon, Swann ? Tu as dit à ma sœur combien tu l'aimais et avais besoin d'elle ? Tu nous la prêtes un peu maintenant ou il faut faire la queue ? » « Je ne sais pas Jeremiah, peut-être que quand tu la fermeras un peu plus et que tu resteras à ta place en bon petit toutou, je pourrais enfin l'ouvrir et en placer une. » Comme d'habitude personne ne nous interrompt, mais j'entends les soupirs las et les haussements d'épaules de tout le monde. Heureusement, Hailee s'éloigne rapidement avec l'énergumène, et bientôt, il n'en reste bientôt plus que trois. « Où sont les autres ? » Sasha m'ôte les mots de la bouche. « Ils ont vu que tu arrivais et sont partis. Quand comprendras-tu enfin que tu n'es pas le centre du monde ? » Il faut croire que chaque groupe à ses petits défauts. Si ce n'est pas Jer et moi, ce sera Leela et Sasha. Ces deux-là ne se lâchent pas non plus, à vrai dire elles sautent sur la moindre occasion pour enfoncer l'autre un peu plus bas encore. Mais quand je m'attends à ce que tout se calme, la situation s'envenime. Leela, qui ne lâchera sans doute jamais le morceau, renverse son verre sur Sasha, qui s'empresse de s'enfuir aux toilettes non sans avoir craché au visage de Leela une énième injure. Son état m'interpelle, et au fond je meurs d'envie de la rattraper, de la calmer. J'ai toujours été comme ça, je n'ai jamais supporté la voir dans un état pareil. Et ce soir, c'est à cause de ma soeur. « Putain Leela, tu pourrais y aller doucement avec elle. » Je la vois rouler des yeux et je soupire, je crois que ni l'une ni l'autre n'est capable d'être raisonnée. Finalement je me lève, blasé par le comportement, je vais voir si Sasha n'est pas en train d'arracher le papier des murs sous la colère, même si pour ça je dois subir le regard confus de ces dames lorsque je pénètre dans les toilettes réservées aux femmes. Et hop, je coince à la même occasion la porte à l'aide d'un morceau de bois que je trouve par terre, c'est juste l'assurance d'une conversation tranquille, cette fois sans personne pour nous interrompre. « Est-ce que tout va bien ? » Pour une fois, je n'ai pas envie de m'imposer, ma voix se fait douce et j'hésite à m'approcher. Pourtant quand je la vois, penchée au dessus d'un lavabo, visiblement à bout, je n'ai qu'une envie : celle de la serrer dans mes bras, de la couvrir de caresses et de lui promettre que le monde ira mieux. Et malgré tout, malgré sa robe tachée, malgré ses larmes, malgré sa colère et ses cheveux en bataille, je ne peux pas m'empêcher de la trouver belle.
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MessageSujet: Re: you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU.   you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU. EmptyVen 29 Juil - 0:53


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Slower slower, we don't have time for that. All I want is to find an easier way to get out of our little head.


Les toilettes des filles. J'aurais peut-être pu choisir un meilleur endroit pour gerber ma colère, un meilleur endroit pour remplir des bocaux de larmes, un meilleur endroit pour... me laisser aller à ma tristesse. Pourtant, c'est bien là que je suis. Appuyée contre le lavabo, je tire sur ma robe, inlassablement, pour y admirer les dégâts de l'alcool. Je crois que je suis complètement à bout, que ce verre sur mes fringues n'était que le coup de trop. Je crois même que, sans ça, j'aurais quand même fini par fuir et m'enfermer ici, par besoin, par obligation, insidieusement. Munie d'une serviette en papier, je me mets à frotter le tissu. De haut en bas, de bas en haut, de gauche à droite et de droite à gauche. Je ne contrôle plus rien, c'est comme si, pour la première fois de la soirée, je m'autorise réellement à être plus que cette fille forte qui regarde celui qu'elle aime s'écraser sur le sol sans rien faire. Je frotte et tente de nettoyer l'alcool qui me chauffe la peau, mais je frotte surtout tout le reste. La méchanceté, la peine, la douleur, la colère, l'angoisse, la solitude... et puis la passion. Surtout la passion. Parce que cette conne me gratte les entrailles une dizaine de fois par jour. Parce que cette conne massacre lentement mais sûrement la seule chose à laquelle je tiens réellement et que je la laisse faire, incapable de soulever mes kilos de peine pour m'échouer dans le lit de celui que j'aime et revivre un hier, et revivre un avant. « Est-ce que tout va bien ? » Swann. Je ne l'ai même pas entendu entrer, à vrai dire, je n'ai pas fait attention aux allées et venues ici, ni aux regards remplis de pitié. Parce que c'est bien ça, mon Amour... Je fais pitié. A ta sœur Leela, à cette femme de ménage qui me trouvera tout à l'heure assise sur le sol gelé des toilettes, à cette jeune fille qui se donnera au premier qui voudra bien d'elle car elle a bien compris que le coup de foudre et le grand amour, ça ne servait pas à grand chose. Je fais pitié. A chacun et à tout le monde, peut-être même à toi. Après tout, je suis là, dans les chiottes d'un bar, la gueule en vrac, le cœur à l'envers, à vider des litres de flotte en frottant sur une robe dont je me fous éperdument. Tu sais pourquoi ? Parce que la seule chose qui a toujours vraiment compté et compte encore, c'est ton bonheur. Mais moi j'suis pas bonne à grand chose, même ça, je ne sais plus veiller dessus. Une seconde. Deux secondes. Trois secondes. Dix secondes. Une minute. Dix minutes... La notion du temps devient une nouvelle fois quelque chose que je ne maîtrise que trop mal, sûrement parce qu'il est là et que pour la première fois depuis plus d'une semaine, nous sommes complètement seuls. Relevant la tête, je désigne du menton ma robe complètement fichue, glisse mes doigts dans mes longueurs blondes emmêlées et ouvre la bouche pour dire autre chose que des insanités, que des bêtises destinées à le blesser un peu plus, à le blesser un peu trop. « Et dire que je m'étais faite belle pour toi... » Sourire nostalgique. « Leela a plus d'un tour dans son sac. » Mes pupilles interceptent les siennes et mon corps se fige. Je laisse là ma robe humide, ma crise de larmes et ma colère singulière. Je dépose les armes, aussi, parce que nous sommes enfin seuls et que l'idée de gâcher ce coup de pouce du destin me donne envie de pleurer deux fois plus. Je n'ai jamais été très forte, encore moins courageuse. Je me contente de faire semblant, je me contente de donner aux autres ce dont ils ont besoin : du cynisme et des mensonges... puisque c'est à ça qu'aspire l'humanité. La différence, quand on est que tous les deux et qu'il n'y a aucun regard curieux sur ma nuque, c'est que je peux me permettre d'être celle qui lui a toujours plu, celle qui s'immisçait dans sa vie pour y déposer des graines de joie. Parce que Swann, contrairement aux autres, ne m'a jamais rien demandé, si ce n'est d'être moi-même jusqu'au bout, si ce n'est d'être moi-même à jamais. « Tu te souviens de la petite robe à cerises que je portais tout le temps ? Tu passais ton temps à dire qu'elle était moche et même si je faisais semblant de m'en moquer, ça me vexait. » Je vais jusqu'à un mur et me laisse tomber contre celui-ci, ramenant mes jambes contre ma poitrine et encerclant celles-ci de mes bras frêles. « Même à l'époque, on avait une sacrée fierté. Comme t'aimais pas la robe et que je me plaisais à te remballer, je la mettais aussi souvent que possible et je piquais des crises mémorables à ma mère pour qu'elle la lave. Et un jour, je l'ai retrouvée découpée dans le jardin alors qu'elle séchait. On n'en a jamais parlé, mais j'ai toujours su que c'était toi. » Je ris timidement et laisse aller ma tête en arrière, la déposant avec douceur sur le mur et fixant du regard l'ampoule du plafond. La présence de Swann me panse lentement, sans qu'il ne le sache vraiment. J'ai beau être gelée, mouillée et abîmée par de longues coulées de mascara, j'ai la sensation d'être enfin à peu près paisible ce soir. Parce qu'il est là. Parce qu'on a enfin changé de jeu et que celui-là me redonne espoir. Même si tu le sais mon Coeur, l'amitié nous assure l'éternité... « Je suis désolée... » Je ne m'excuse pas seulement pour ce soir et pour la soirée infernale qu'il passe à cause de moi. Je m'excuse pour ça et tout le reste. Pour les choses passées et celles à venir.


Dernière édition par Sasha-Izoenn Macklin le Sam 30 Juil - 2:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU.   you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU. EmptySam 30 Juil - 0:36


C'est vrai, c'en est presque effrayant. C'est effrayant de perdre mes moyens, le fil de mes pensées et ne plus savoir quoi dire lorsque mes yeux se posent sur elle. C'est effrayant de redevenir cet ado de 15 ans qui ne s'est encore jamais envoyé en l'air. Oui, c'est effrayant. Comme maintenant. Je suis comme un con au milieu de la salle, et je ne peux rien faire face à ses larmes. Si tu savais, mon coeur, comme je ne rêve que d'emporter la douleur loin de toi. Tu imagines, si j'avais été magicien et que tu t'étais laissée faire ? Je t'aurais apprivoisé avec une colombe et le temps que tu reviennes à la réalité, tu ne te serais souvenue que des meilleurs moments. Parce qu'au fond, quoi qu'on en dise, tout n'était pas mauvais, pas vrai ? Je me souviens des crises de rire, je me souviens de toi émergeant au soleil levant. Tout n'était pas si mal, mon amour... Mais comme d'habitude, nous sommes venus tout gâcher. Je t'ai prise pour acquise et tu t'es enfuie, et les derniers morceaux de notre histoire ont volé en éclats. En s'en est voulu à coup de vaisselle brisée, de murs défoncés et pourtant aujourd'hui, après tant d'années, nous voilà encore. Immobiles, trop incapables de se battre pour ce qu'il reste de notre histoire. Où crois-tu qu'on en serait aujourd'hui si l'histoire avait continué son court ? Parfois je nous imagine, j'ose rêver que le petit Noah illumine nos vies depuis maintenant six ans. Je m'imagine en homme rangé, fou de sa femme et je t'imagine attendre mon retour le soir avec notre fils dans les bras. La parfaite petite famille qui n'a rien à se reprocher. C'en est presque pathétique. Et pourtant, à chaque fois que tes yeux croisent les miens, le rêve devient possible à nouveau. « Et dire que je m'étais faite belle pour toi... » Malgré moi, mes lèvres s'étirent en une moue malicieuse, pourtant je sais que la situation ne se prête pas au rire. Je ne trouve rien à redire. « Leela a plus d'un tour dans son sac. » Je la regarde glisser le long du mur, elle doit sans doute être épuisée. A mon tour, je me dirige vers elle, je m'installe doucement à ses côtés. « Tu sais, Lee' y va peut-être fort par moment. Mais elle ne pense pas à mal. » Sourire bienveillant. « Tu te souviens de la petite robe à cerises que je portais tout le temps ? Tu passais ton temps à dire qu'elle était moche et même si je faisais semblant de m'en moquer, ça me vexait. » Ah, la belle époque. Soudain, je suis replongé quinze ans plus tôt, je ris de nous deux à notre rencontre. « C'est l'histoire d'un petit garçon qui aime bien une petite fille, mais pour le lui montrer, est obligé de la taquiner pour ne pas se taper la honte devant ses copains. » Je crois que cette partie n'avait jamais été abordée. Pourtant, je me laisse prendre au jeu, je me laisse aller aux souvenirs. Je me laisse prendre au piège, et je suis bien capable de s'y sauter à pieds joints si tu m'y attends, mon coeur... « Même à l'époque, on avait une sacrée fierté. Comme t'aimais pas la robe et que je me plaisais à te remballer, je la mettais aussi souvent que possible et je piquais des crises mémorables à ma mère pour qu'elle la lave. Et un jour, je l'ai retrouvée découpée dans le jardin alors qu'elle séchait. On n'en a jamais parlé, mais j'ai toujours su que c'était toi. » Je repense à ce moment en riant, je me souviens du jour où Sasha m'a appris la nouvelle. J'ai dû jouer le garçon qui n'en savait rien et me retenir de ne pas rire. « Sash', cette robe était vraiment affreuse. Tu m'avais rendu furax, je ne sais même plus pourquoi. Et découper ta robe, c'est la seule façon que j'ai trouvé pour me venger. » Je souris doucement, et je ne sais pas, sans doute les vieilles habitudes qui reviennent au galop, mon bras entoure ses épaules et je la sens se laisser aller contre moi. « Je suis désolée... » Je me tourne vers elle, cherchant à capter son regard. « Désolée ? Mais de quoi ? Tu n'as rien à te reprocher, Sasha. » Tu vois, malgré tout ce qu'on a vécu, depuis le jour où chacun en fait baver l'autre, je n'ai jamais été plus sincère qu'aujourd'hui. Tu n'as rien à te reprocher, mon amour... On est juste deux humains, deux humains complètement foutus qui réussissent encore à faire des erreurs après avoir passé toute une vie à jouer au con et à se foutre de tout.
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MessageSujet: Re: you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU.   you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU. EmptySam 30 Juil - 1:26


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If we'd go again all the way from the start, I would try to change the things that killed our love. Your pride has built a wall, so strong that I can't get through.


« Tu sais, Lee' y va peut-être fort par moment. Mais elle ne pense pas à mal. » Avant même de quitter la table du bar avec une sacrée envie de meurtre, je savais que Swann prendrait le temps de s'excuser pour sa sœur et de la défendre. Ce soir, demain ou dans dix ans. Je savais qu'il le ferait, entre deux disputes ou bien au milieu d'une, d'ailleurs. Comment, de toute manière, les choses auraient-elles pu être différentes ? Ces deux-là ont toujours été très intimement liés et à chaque fois qu'un s'effondre, l'autre est là pour le ramasser. Leur amour est beau, vraiment beau. Bien plus beau même que celui qui m'unit à Swann. Pourquoi ? Parce qu'il est doux, tendre, sûr. Parce qu'il ne détruit rien mais reconstruit tout. C'est sans doute pour cette raison que je pardonne Leela à longueur de journée, car s'il y a bien une chose qu'elle fait mieux que moi, c'est protéger son frère. Comment pourrais-je lui en vouloir éternellement quand elle ne fait que crier bien fort ce que tout le monde pense tout bas ? Je me suis brisée, mon Amour. Et tout serait tellement simple si je n'avais fait que ça. Pourrir au fond de son lit et se laisser crever, c'est pas si difficile. Le problème, c'est qu'en me brisant, j'ai aussi piétiné ton putain de coeur, ton putain d'amour, en pensant que tu m'oublierais plus vite, en pensant que tu te relèverais plus fort. Et quand j'te regarde aujourd'hui, assis près de moi dans ces toilettes miteuses, y'a qu'une chose qui me vient à l'esprit : putain, mais j'ai vraiment tout foiré. J'ai oublié de regarder mon frère grandir, j'ai tatoué la peine sur le corps du mec pour qui je me jetterais bien sous une bagnole et j'ai même tué mon gosse. Tu sais, on se tait tous les deux, mais ça fait bien longtemps que j'ai compris que c'est moi qui déraillais, moi qui déconnais. J'brise, casse, brûle, tue tout ce que je touche, c'est comme ça mon Cœur. Au grand loto de l'univers, moi, j'aurais été la boule noire, celle qui correspond au game over. « C'est bon, Swann. Ta sœur me déteste et elle a raison. J'ai fait souffrir son frère, après tout. » Je hausse les épaules et retourne à la contemplation de l'ampoule. J'ai fait souffrir son frère, et même que je continue encore. Sans en tirer aucune satisfaction. Parce que si on me laissait le choix, rien qu'une fois, j'irais décrocher la lune si on me promettait de rendre son sourire à Swann.

« C'est l'histoire d'un petit garçon qui aime bien une petite fille, mais pour le lui montrer, est obligé de la taquiner pour ne pas se taper la honte devant ses copains. » J'ose enfin le regarder, même si ce n'est qu'un dixième de seconde, même s'il ne le voit pas. J'ose enfin le regarder et découvre une lueur brillante au fond de son regard, lueur que je pensais éteinte depuis presque six ans. Six ans. Tu te rends compte ? Six ans qu'on tient le coup, même si c'est infernal, même si c'est ridicule. Ça fait six ans qu'on se traîne dans de beaux vêtements alors qu'à l'intérieur, on est plus laid que ce connard qui drogue une brunette pour se la taper, plus laid que ce vieillard qui a regardé sa vie défiler sans vraiment la vivre, plus laid que les mensonges et la douleur. « C'est l'histoire d'une jeune femme qui est amoureuse d'un mec génial, mais pour le garder près d'elle, est obligée de le fuir chaque jour un peu plus fort. » Finalement, je me laisse aller contre lui, envoyant valser toutes les barrières que j'installe depuis que je suis revenue, simplement pour le protéger de mes sentiments bancals, de mes sentiments cabossés. Je ris, aussi. Pour de vrai. Il me parle de cette robe que je ne portais que pour le mettre en colère et je ris. Doucement, tendrement. Il ne s'agit que d'un murmure dans l'air, mais c'est suffisant. Là, à cet instant, il n'y a pas d'attirance, je ne rêve pas de ses lèvres sur les miennes, de ses mains dans mon dos. C'est différent. En même temps, lui et moi, ça n'a jamais été autre chose que cela. Différent. On a jamais su s'aimer comment le font les autres, sur un banc, sous un arbre ou bien encore à un bal de promo. Nous, on s'est aimé au temps des ruptures, à travers les pleurs et à l'ombre des regards. Un amour sans papiers... « Désolée ? Mais de quoi ? Tu n'as rien à te reprocher, Sasha. » Mon dos s'éloigne du mur et je me tourne vers lui, bien que croiser ses pupilles sombres demande un sacré courage. Je le fais. Je m'enfonce dans ses yeux. Il y a mon cœur qui se serre, ma lèvre qui tremble, mes yeux qui se noient dans la flotte mais il y a surtout moi, désireuse de dégobiller ces mots qui m'ont toujours écorché les lèvres, désireuse de vomir mon pardon pour ne pas m'étouffer avec, pour ne pas m'envoler ce soir. « Oui, Swann, je suis désolée. Pour les mille et une choses que j'ai faites de travers et pour les mille et une autres que je n'ai pas encore faites. Tu sais, être moi, c'est pas facile tous les jours... » Ma tête retrouve bien vite son épaule et mon corps se décontracte tandis que mes doigts glissent le long de son bras nu, traçant délicatement le chemin de ses veines et de l'amour, sale et brut, qui s'y cache. « Pourquoi est-ce qu'on est obligé de se retrouver sur un toit, à un enterrement ou dans les toilettes publiques pour avoir un moment de répit ? Pourquoi est-ce qu'on marche à l'envers ? » Je n'attends aucune réponse de sa part, je crois que de toute évidence, je la connais déjà. Il est des choses qui ne s'expliquent pas, comme la mort d'un être proche, les saisons qui oublient de changer, se retrouver assis dans des chiottes et philosopher, la peur du lendemain... Et l'aimer comme une folle. Puis t'aimer comme une folle, surtout. Attendre nos disputes avec une impatience d'enragée parce que bordel, t'es magnifique quand tu me hurles d'aller me faire foutre, quand tu me hurles de me bousiller en silence et d'arrêter de faire chier la Terre entière pour un oui et un non. T'es beau. Quand tu me détestes, davantage quand tu m'aimes.
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MessageSujet: Re: you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU.   you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU. EmptyLun 1 Aoû - 21:58


« C'est bon, Swann. Ta sœur me déteste et elle a raison. J'ai fait souffrir son frère, après tout. » Je soupire, car je sais que le moment est arrivé. Le moment que finalement, nous redoutions depuis le soir où nous nous sommes retrouvés. Depuis le soir où je l'ai croisé sur le toit d'un immeuble, depuis le soir où j'ai finalement tout appris de son absence. Pourtant, il reste encore tellement de non-dits, tellement de fausses notes. La mélodie serait parfaite, digne d'un grand Bach si les choses s'étaient arrêtées là où elles auraient normalement dû l'être. Mais on s'accroche l'un à l'autre comme à une trappe de secours dans un ascenseur en panne, comme à l'échelle qui mène au toit d'un immeuble en feu. Et ni l'un, ni l'autre ne peut se permettre d'y enlever ne serait-ce qu'un doigt, par peur de tomber dans le feu. La mélodie n'est même plus digne d'un grand musicien, tant elle semble jouée par un gosse qui tente de retenir ses gammes. La mélodie est cabossée, elle grince et nous brûle les oreilles. La mélodie, c'est nous, tombant doucement dans le précipice, se heurtant à la chute imparfaite. Et moi, je le sens. Du fond de mon coeur, dans chaque fibre de mon corps. Ca torture mes tripes et me brûle l'estomac : je sais que nous y sommes enfin. Cette discussion qui mène au précipice, cette soirée qui mène à notre fin. Je ne veux pas y penser. Je veux courir, me lever et courir, me boucher les oreilles comme un gamin, ne plus jamais parler de cette histoire. Je me hais d'y penser, mais je t'aime un peu plus fort chaque fois que tu nous enterres encore. « Sasha... » Je parle si bas, ma voix s’éteint dans un soupire. A quoi bon tenter d'ajouter quelque chose ? Il n'y a rien à contredire, rien même à ajouter. Pourquoi parler, si de toute façon ce ne sont que des paroles en l'air ? Dans les deux sens, je me retrouve coincé. Quoi que je réponde, cela nous mène sur la route 66, tu sais, sur la route de l'enfer. L'enfer, parfois je me dis que ça fait un bout de temps qu'on y est. Tu sais, c'est peut-être pas si différent de là où on est. A toujours ruminer, à toujours se blâmer, se disputer, se battre, se réconcilier pour se déchirer à nouveau. Jamais, jamais je n'ai un instant de répit. Mais est-ce que l'enfer est une si mauvaise chose si tu restes à mes côtés ? « Pourquoi est-ce qu'on est obligé de se retrouver sur un toit, à un enterrement ou dans les toilettes publiques pour avoir un moment de répit ? Pourquoi est-ce qu'on marche à l'envers ? » Je ne peux pas détacher mon regard de ses yeux tristes, vides. Je me souviens de l'époque où tes sourires étaient vrais, mon amour. Où tu n'avais pas besoin de feindre le bonheur, lorsque tu le vivais réellement. Où est-donc cette époque ? Qu'est-ce qui est arrivé entre temps ? C'est moi, mon ange. Je suis arrivé. Avec ma belle gueule et mes phrases bateau, je suis arrivé, et comme un connard de première, j'ai tout détruit. J'ai balancé ce qu'il restait de toi et je ne m'en suis jamais voulu. Ce n'est que maintenant que je m'en rends compte. Ca m'a pris du temps, mais finalement, j'ai compris. Tu es bien mieux sans moi, mon amour. J'ai l'impression que depuis cette nuit sur le toit, on enchaîne les erreurs. J'ai l'impression de foutre en l'air tout ce que j'entreprends et toi, tu es juste l'ombre de toi-même. Mais ta plus grosse erreur Sasha, ta plus grosse erreur, a été de revenir, de me retrouver sous ce ciel étoilé et de tout me balancer. Et pourtant, à mes yeux, ça reste ta plus belle erreur. « Je ne te mérite pas. Je ne t'ai jamais mérité, Sasha. » Parce que je suis certainement le plus bel égoïste que la Terre ait été donnée de porter, parce que je me fourre dans absolument toutes les merdes que je trouve, parce que tu es juste trop belle pour passer tes journées à pleurer pour un gars comme moi. Alors vas-y Sasha, pars. Pars et va vivre ta vie, va trouver l'amour qui te rendra plus belle encore. L'amour qui te donnera un joli mariage et des gosses. Pars, et surtout, ne te retourne pas. Parce que si tu te retournes, je pourrais bien ne plus te laisser partir... A mon tour, je laisse mon front se poser contre le sien. Je ne sais pas combien de secondes, minutes passent. Je veux juste rester assis là pour toujours. Et pourtant comme toujours, la réalité nous rattrape au galop, nous rappelle qu'on est tous les deux trop cons pour oser demander avoir la chose pour laquelle on crève depuis toujours. Et cette fois le connard que je maudis c'est la personne qui ose te faire décrocher le téléphone, qui ose t'éloigner de moi à nouveau. Et c'est juste quand tu t'apprêtes à décrocher que mes yeux interceptent le nom de ton interlocuteur. Finalement, je ne suis qu'un idiot. « Tu me prends vraiment pour un con, hein ? » Sur ces belles paroles je me lève, et je prends le chemin de la sortie, après que tu aies encore une fois écrasé ma fierté jusqu'à ce qu'il n'en reste plus. Je vends mon âme au diable, mon amour. Je te vends mon âme.
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Sasha-Izoenn Macklin

Sasha-Izoenn Macklin

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MessageSujet: Re: you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU.   you make my heart beat faster. Ҩ SWASHOU. EmptyMar 2 Aoû - 0:54


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And I learned to live, half alive. So who do you think you are, runnin' round leaving scars, collecting your jar of hearts and tearing love apart ?


« Je ne te mérite pas. Je ne t'ai jamais mérité, Sasha. » Swann et moi avons toujours évité très soigneusement les sujets qui fâchent, les sujets qui remuent et secouent un peu trop, ceux qui arrachent les organes vitaux et les font pendre dans le vide, à l'intérieur. Je crois qu'au fond, on a toujours cherché à se protéger, même si on n'a jamais su comment le faire correctement. C'est comme aimer quelqu'un et vouloir le rendre heureux. Les gens ont tendance à penser que l'amour est suffisant, que l'amour est un bonheur à lui tout seul. Si c'est le cas, alors je dois dire que j'ai vraiment tout fait de travers avec Swann. Moi, je pense plutôt qu'aimer est un concept puéril et que c'est ce qui gravite autour de l'amour qui rend heureux. Parce qu'en réalité, si l'amour suffisait, ça ferait des années déjà que je crèverais de joie, dans les bras de Swann. Je l'aime. Un peu trop fort, même, à entendre mon cœur qui bat à tout envoyer valser simplement parce que sa peau touche la mienne, simplement parce que son parfum alimente mes poumons. Mais c'est le problème de l'amour : seul, il ne mène à rien. Il faut de la chance avec, de la chance et un coup de pouce du destin de temps à autre. Mais le destin ne veut pas de nous mon Amour, tu le sais bien, non ? Sinon, il n'aurait jamais fait pousser un bambin dans mes entrailles, il ne m'aurait jamais poussé à fuir loin de toi tout en sachant sciemment que loin de l'autre, on se laisserait pourrir. Il savait. Mais il l'a fait parce qu'il paraît qu'il y a des gens qui sont beaux seulement malheureux. Le reste ne leur convient pas, le reste ne leur colle pas à la peau. Je hausse les épaules et me retourne la tête pour trouver quelque chose à répondre, un petit mot qui ferait la différence, qui l'inciterait à y croire encore et à se battre deux fois plus. Avec moi, sans moi même. Tant qu'il se bat pour s'en tirer indemne. « On était simplement pas fait pour être ensemble, Swann. L'erreur vient sûrement d'ailleurs... » Les vocables sortent presque naturellement, du moins officiellement. Parce qu'officieusement, ma langue a envie d'enfler et de me bloquer la gorge pour que je m'étouffe. C'est la fin, je le comprends seulement maintenant. Mes mots sonnent comme un dernier accord, la note finale. Et même si je ne dis rien, j'aurais aimé terminer sur un "je t'aime", j'aurais aimé terminer sur quelque chose de plus doux. Mais les histoires qui se terminent bien et sans larmes n'en sont pas. Seules les histoires tristes méritent d'être vécues. Pourquoi ? Swann est ma plus belle histoire. La plus triste, aussi.

Et puisqu'il est temps de passer à autre chose, mon téléphone se met à sonner, comme pour nous rappeler qu'on a passé assez de temps près l'un de l'autre et que ce connard de Destin nous attend impatiemment derrière la porte des toilettes. Mon front se décolle de celui de Swann, par obligation, et je tire doucement mon cellulaire de ma poche pour gâcher en lenteur l'instant de répit que Swann m'offre. Souffrance. Le nom de Nate apparaît sur l'écran... Je soupire et réponds. « Nate ? Est-ce que tout va bien ? » Je tends la main pour retenir Swann qui se lève, le regard noir. Je me redresse pour le rattraper et lui dire de ne pas partir. Je n'écoute même plus ce que me dit Nate, ce gamin de dix-sept ans que j'ai rencontré il y a quelques mois et qui enchaîne les merdes. Je ne l'écoute pas alors que je lui avais promis que je serai là pour lui à n'importe quel moment du jour ou de la nuit. Je n'avais pas pensé que Swann serait, comme toujours, mon exception. « Tu me prends vraiment pour un con, hein ? » Là où ça a toujours cloché entre Swann et moi, c'est au niveau des réactions. Je veux qu'il reste et il s'en va. Je suis sincère et il pense que je le prends pour un con. Il a envie de s'envoyer en l'air et j'ai simplement envie de regarder un film dans ses bras. On a toujours eu des réactions opposées, on a toujours formé le plus bel oxymore. « Swann arrête... » Ma main empoigne son bras avec fermeté et je l'oblige à se tourner vers moi pour y découvrir des pupilles noires, des pupilles noyées dans un bocal de rage. Que se passe-t-il mon Amour ? Pourquoi est-ce que tu fuis toujours avant les retrouvailles ? Pourquoi est-ce que tu passes ton temps à me repousser chaque fois que j'ose enfin déposer mon cœur à tes pieds ? C'est comme ça, que tu m'aimes ? Où vas-tu, là, tout de suite ? Où t'enfuis-tu ? Dans les bras d'une autre ? Dans ceux de la solitude ? T'as pas le droit. De me laisser encore loin derrière. D'ouvrir cette porte et de me dire à bientôt, à jamais, à demain, à dans dix ans. J'ai besoin de toi ce soir. Tout de suite. Et même depuis hier... « C'est quoi ton problème, Swann ? T'en loupes jamais une pour me rappeler que je t'ai perdu. » Je fourre le téléphone dans ma poche après avoir raccroché et lâche son bras, n'attendant même pas de réponse. En fait, je n'attends plus rien. Juste qu'il ouvre cette porte après m'avoir glacé le sang. Juste qu'il mette un terme à tout ça & qu'on range cette soirée dans la catégories des petites erreurs, des petits relâchements à ce jeu que l'on connaît par cœur, à ce jeu qui creusera nos tombes. T'es le meilleur, Swann. Tu sauras toujours me surprendre et me planter un couteau dans le dos, là où ça fait le plus mal. Félicitations. Cette manche est pour toi...
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