L’annonce parlait d’un projet de bourse pour des études. Et malgré toute la répugnance qu’elle pouvait avoir sur le fait de demander de l’aide, la jeune femme avait finit par se décider à se rendre à l’adresse indiquée pour en discuter. Ca n’avait pas été pour elle une décision facile à prendre, cela faisait des années qu’elle n’avait plus demandé rien à personne et qu’elle se débrouiller seule. Et cela lui convenait très bien jusqu’à aujourd’hui. Mais elle ne se voyait vraiment pas passer sa vie à servir des clients qui parfois étaient à peine polis et aimable. Elle ce qu’elle voulait c’était faire des études à la fac et puisqu’elle ne pouvait pas se les payer elle-même, il n’y avait qu’une solution.

C’est avec une certaine appréhension qu’elle arriva après son service dans Montgomery avenue. L’endroit ne pouvait pas être plus différent de Lancaster avenue, là où elle vivait. Ici, il n’y avait rien que des maisons luxueuses pour des gens bien riches qui avaient tout ce qu’ils désiraient. Une grimace de dégoût fit son apparition sur son visage, qu’est-ce qu’ils pouvaient avoir la vie facile tous autant qu’ils étaient. Elle faillit faire demi-tour mais se retint de justesse. Il était temps qu’elles mettent un peu de sa fierté de côté. Elle salua tout de même la bonne idée qu’elle avait vu lorsqu’elle s’était garée un peu plus loin parce qu’il était clair que sa voiture aurait fait tâche dans le décor.

Elle remonta le long de l’avenue et arriva devant le numéro indiqué sur l’annonce. Elle resta là un moment à examiner la façade. Si quelqu’un la voyait à ce moment-précis, il devait vraiment se demander ce qu’elle attendait. Elle prit une grande inspiration et avança un peu jusqu’à la sonnette. Elle posa son doigt dessus sans pour autant appuyer. Elle réfléchissait à ce qu’elle allait bien pouvoir raconter, elle ne pouvait pas lutter contre l’impression qu’elle avait d’être très stupide à ce moment-là. Et puis, elle finit par se décider et pressa le bouton rapidement. A présent, il ne lui resatit plus qu’à patienter.

Heureusement pour elle, Charlie n’eut pas à attendre longtemps avant de patienter. C’était une bonne chose parce qu’au moment où le portail s’ouvrit devant elle, elle était de nouveau en train de penser au fait de faire demi-tour. Maintenant, il n’était plus question pour elle de revenir sur ses pas. Elle soupira et réarrangea rapidement ses cheveux avant de s’avancer jusqu’à la porte. Cette dernière était déjà ouverte et une jeune femme attendait. Charlie la jaugea rapidement, elle devait peut-être être un peu plus âgée, elle était blonde et ça devait être qui gérait les bourses. Celle-ci confirma cette dernière chose lorsqu’elle prit la parole. « Bonjour, je suis Spencer. Vous êtes là pour l'annonce, c'est ça? Entrez je vous en prie. » Sans laisser à Charlie le temps de répondre, Spencer s’écarta pour la laisser entrer.

Après quelques instants d’hésitation, Charlie pénétra à l’intérieure villa. Cela paraissait encore plus grand à l’intérieur que d’extérieur. Elle pouvait dire sans aucun doute qu’elle n’était jamais entrée dans un endroit comme ça. Son regard s’attarda un moment sur le décor qui l’entourait. Avec toute la mauvaise foi qu’elle avait, elle aurait sans aucun doute pu trouver des millions de défauts à l’endroit : trop grand, pas assez familial, pas assez personnel. Mais bon, à ce moment-là, elle n’était pas d’humeur à trouver ce genre de défaut. Quand elle serait partie, ce soir, sûrement.

Elle mit plusieurs minutes à se souvenir où elle était, pourquoi et surtout, à se rappeler que Spencer était là. Celle-ci avait refermé la porte et Charlie se demandait ce qu’elle attendait maintenant. L’idée lui vint à l’esprit que c’était peut-être qu’elle se présente ou encore qu’elle confirme qu’elle était bien pour l’annonce parce qu’elle n’avait pas encore décroché un mot. Elle fronça les sourcils, Spencer avait peut-être trouvé ça impoli. Elle jeta un coup d’œil à la jeune femme essayant de discerner quelque chose qui confirmerait son hypothèse mais elle ne vit rien. En général, elle se moquait bien de la première impression que les gens pouvaient avoir d’elle mais là, elle était consciente que cette première impression était cruciale. Au même titre que l’obtention ou non d’une bourse dépendait de Spencer et que donc, il valait mieux pour elle que cette dernière l’ait dans ces bonnes grâces. « Je suis là pour l’annonce oui. Enfin, je ne dérange pas j’espère ? » Elle lui lança un regard interrogateur, même si elle ne pensait pas réellement avoir pu la déranger. « Et je suis Charlie. »

« Vous ne dérangez pas du tout. Je suis toute seule ici, donc un peu de compagnie ne fait vraiment pas de mal. » Spencer avait suivit sa phrase d’un sourire ce qui rassura quelque peu Charlie tout en la renseignant un peu sur celle-ci. De nature méfiante, Charlie aimait savoir à qui elle s’adressait, ainsi tout ce qu’elle pouvait apprendre sur ses interlocuteurs agissait sur son comportement en leur présence. C’était souvent ce qui faisait la différence entre les personnes à qui elle parlait plus en détail et celles qu’elle rejetait totalement. Elle avait tout de même du mal à croire que Spencer puisse vraiment être seule dans une si grande maison, elle n’avait jamais compris l’obsession de certaines personnes de se loger dans une maison dont la moitié des pièces étaient inutilisées. « Bon j'imagine qu'on va pouvoir commencer à parler de cette bourse... Vous me suivez? » Interrompu de cette manière dans ses réflexions, Charlie n’eut pas d’autres choix que de la suivre.

Elles traversèrent d’abord une pièce dont Charlie supposa qu’il s’agissait d’un salon bien que la taille de ce dernier lui apparaissait démesurée. Par la suite, elles entrèrent dans ce qui devait être un bureau sans aucun doute étant donné qu’il contenait bien évidemment, un bureau. Lorsqu’elle prit place sur l’un des deux sièges que lui avait indiqués Spencer, un sentiment de malaise envahit la jeune femme. Elle se souvenait sans aucun problème de la dernière fois où elle s’était retrouvé comme ça, assise du ‘mauvais côté’ du bureau et ça n’avait rien d’un bon souvenir. L’image de l’assistante sociale lui posant une tonne de questions lui revint un bref instant et Charlie eut beaucoup de mal à dissimuler ce qu’elle ressentait en repensant à cela. « On va commencer tout de suite alors... Pourquoi avez vous besoin d'une bourse, précisément? Quelles sont vos motivations? » Charlie se retint de soupirer. Elle ne savait pas parler aux gens, elle n’avait jamais eu la facilité qu’avait Diane par exemple à s’exprimer. Elle, elle se murait dans le silence et quand il fallait qu’elle s’exprime, elle faisait preuve d’un pouvoir de conviction totalement nul. Elle passa machinalement la main sur le pendentif qu’elle portait autour du cou et prit une inspiration pour répondre à la jeune femme. « J’en ai besoin parce que, parce que je suis incapable de me payer des études moi-même et que je veux en faire. Je n’ai pas pu aller à la fac à cause de… diverses raisons et c’est mon plus grand regret. Je n’ai juste pas forcément envie de passer à servir des gens dans un bar du centre commercial. » Elle se tut. Ce qu’elle venait de dire était tellement banal et dépourvu d’intérêt. Mais elle ne voyait pas quoi ajouter d’autres à ce propos sans entrer trop dans le domaine du personnel. Elle espérait vraiment pouvoir rester en surface à ce sujet.