Je me tortille sur le fauteuil et retrouve petit à petit l’usage de mes membres. Je me demande comment j’ai réussi à m’endormir dans une telle position, enfin toujours est-il que l’arrivée approche et je le vois au paysage qui défile à la fenêtre. Le train est passé des hautes tours vertigineuses de New York à la simplicité de petites maisons en brique rouges en l’espace de quelques heures. Rosemont, le retour. Je ne sais pas dire face à quel sentiments je fais face, je ne sais même pas si je suis heureuse de retrouver ma famille et mes amis ou si je suis simplement déçue de quitter une ville que je commençais à peine à découvrir. New York est tellement différente sous tout point de vue. C’est une ville active, vivante qui ne s’épuise jamais. C’Est-ce qui fait son charme mais aussi sa complexité. Rosemont quand à elle, c’est ma ville. Celle où je suis née et ai passé mon enfance, mon adolescence et celle où se trouvent mes amis les plus chers comme la bande : Hailee, Sasha, Swann, Leelan Sloan, Jeremiah sans oublier Teddy, avec qui on a décidé d’emménager. Rosemont c’est aussi Jules. J’ai l’impression de ne pas l’avoir vu depuis des années, ce qui est faux bien sûr puisqu’il était encore là la semaine dernière et toutes les deux semaines de chaque mois/ L’idée de le retrouver « entièrement » me rend encore plus heureuse et nerveuse en même temps. Je ressers l’emprise de mon sac avant de reposer ma tête contre la vitre froide. Oui, je suis heureuse de revenir à mes sources seulement le fait que mon retour ici soit une idée de Jayleen m’empêche d’en être complètement satisfaite. Il doit y avoir un hic. D’ailleurs je n’ai pas du tout envie de lui faciliter la tâche à Rosemont. Ce n’est pas sa ville, tout comme ce n’est pas sa maison, si son père. Mais ça, le père en question ne veut pas l’entendre. A ses yeux, Jayleen est parfaitement équilibrée alors que je suis une irresponsable finie. Pourtant, il devrait se garder de leçon pour quelque un qui a abandonné sa femme, sa file et son fils pour partir vivre avec de nouveaux enfants et pour ensuite les ramener dans la même ville, histoire de créer un lien, une harmonie. Foutaise oui ! Dorian et moi, on va lui en aire voir de toutes les couleurs à cette pimbêche. Ah Dorian, c’est peut-être aussi sa présence qui m’a poussé à monter dans ce train. Je me réjouis rien qu’à l’idée de revoir sa petite bouille. C’est fou comme beaucoup de choses ont pu nous rapprocher ces derniers temps, je n’avais jamais été aussi proche de lui au point de vouloir le voir autant. D’ailleurs, je l’avais eu au téléphone la veille et il m’avait avoué qu’il ne pouvait pas se libérer pour venir me chercher à la gare. Résultat, Jayleen m’avait annoncé d’une envoie enjouée que son nouveau petit ami passerait me prendre et qu’elle était sûre que j’allais « L’ADORER ». Ça m’étonnerait. Je ne pourrais comprendre aucune personne qui soit capable de sortir avec cette fille de toute façon. Et quand j’avais tenté d’en parler à Dorian pour avoir des informations sur ce mystérieux jeune homme, il avait simplement ricané avant de raccrocher nerveusement le téléphone. Bonjour, l’enthousiasme. Il devait être l’archétype du looser ce mec. D’ailleurs, j’allais sûrement bientôt le savoir puisque le train venait d’entrer en gare. Mon cœur se serra à l’idée que Jules n’avait pas non plus pu se libérer et qu’appar il connaissait également le petit-ami de Jayleen qui venait me chercher et avait tout fait pour trouver quelque un d’autre qui puisse m’emmener. Finalement, il n’avait pas réussi et m’avait demandé de le rappeler une fois arrivée, assez anxieux. Qu’a-t-il de bien spécial ce mec ? C’est un dealer ? Un ancien prisonnier ? J’attrape ma valise, bien décidée à le savoir et descends du train pour me poster sur le quai. J’espère qu’au moins qu’il est ponctuel parce que si il y a bien une chose que je déteste ce sont les gens qui se font désirer. Alors que mes yeux scrutent les alentours, j’entends un grognement puis une voix dans mon dos « Hum, Thaïs ? » « Oui ravie de .. » je me retourne et là… SURPRISE ! Juste en face de moi se trouve la dernière personne que j’avais envie de voir en revenant sur Rosemont, la personne qui faisait partie de mes « contres » sur ma liste.

► Cause' i won't, let you, close enough to hurt me.

« Dis mon cœur, Thaïs arrive demain, et il me semble que c'est ta journée de repos, tout le monde bosse ici, ça te dérangerait d'aller la chercher à la gare ? » demanda la jeune brunette à son petit-amie, lorsqu'il vint la rejoindre dans son lit. « Quoi ? Tu me demandes d'aller chercher ta sœur ? » questionna t-il, d'un air étonné, et soudainement nerveux. Il se passa une main dans ses cheveux semi-long, avant de soupirer. « Mais, ça fait longtemps que vous êtes sortis ensemble, tu l'as oublié depuis le temps je suis sûre, et puis tu n'es pas obligé de lui parler, mes parents veulent juste que tu ailles la chercher à leur place... » soufflait-elle, en s'appuyant sur ses coudes, afin de mieux le regarder, avec sa tête désolée. « D'accord j'irai, mais c'est vraiment pour faire bonne impression devant tes parents. » soufflait-il, tandis qu'il éteignait la lampe de chevet, et qu'il donna un dernier baiser à Jayleen.
« Mon coeur, réveille-toi, elle arrive à onze heures mon ange, il faut que tu te prépares. Je vais au boulot moi, oublie pas, onze heures, ah et, ça m'arrangerait quand même si vous ne vous parliez pas beaucoup, si tu vois ce que je veux dire.. » murmura-t'elle à l'oreille d'Hunter, tandis qu'il commençait doucement à se réveiller. Alors machinalement, il se leva, et se prépara pour aller chercher MADEMOISELLE Thaïs, princesse de Rosemont, se disait-il dans son fort intérieur, blasé. C'était vraiment la dernière personne qu'il voulait voir, en cette journée, mais après tout, il sortait avec sa demi-soeur, et au début, il en avait fait exprès... Maintenant tout ce qu'il souhaitait, c'était pouvoir l'oublier en paix ! Ce qu'il ne pourrait faire, vu qu'il allait la revoir, dans une petite heure maintenant. Enfin, il enfila ses chaussures, et prit la route.
Comment il se sentait à ce moment là ? Sa tête ne ressemblait à rien, tant il était énervé. Les souvenirs revenaient, pour le briser encore un peu plus. Il ne pouvait même plus imaginer ce qu'il ferrait lorsqu'il la verrait, en face de lui. Le trajet fut assez mouvementé dans sa tête, tellement qu'il se surprit à s'arrêter aussi tôt devant la gare. Il avait cinq minutes d'avance, alors il décida d'attendre un peu dans la voiture, histoire de souffler, et de paraître décontracté. Trois minutes après, il ouvrit la portière et sorti : il ne se sentait vraiment pas prêt, mais après tout, il avait juste à la ramener chez elle, point barre. Il arriva au lieu-dit, et attendit une minute avant de voir une foule de personnes sortir d'un quai, alors il prêta un minimum d'attention au cas où il verrait cette fameuse tête brune. Quand il la vit, qu'elle attendait en retrait, dos à lui, il respira un bon coup, et marcha vers elle d'un pas décidé. « Hum, Thaïs ? » demanda t-il, d'un ton assez distant et froid. Elle se retourna avec son petit sourire amical, en répondant un simple « Oui ?! Ravie de ... » tandis qu'elle coupa sa phrase en dévisageant le jeune homme. Le fait qu'elle soit face à lui, le rendait encore plus mal. C'était comme s'il recevait un coup de poignard droit au coeur, car les souvenirs revenait, et défilait dans sa tête, en accéléré. « Moi aussi je suis tellement ravi de te revoir, tu peux même pas savoir. » soufflait-il dans sa moustache, tandis qu'il la regardait toujours aussi froidement. Il avait le don de faire vraiment peur quand il le voulait, et de rendre les gens mal à l'aise. « Crois pas que c'était moi qui avait envie de venir te chercher surtout. » reprit-il. En voyant qu'elle ne bougeait pas, il rajouta « J'ai pas envie de rester là trois plombs, alors on va à la voiture, et on se dépêche. » soufflait-il, tandis qu'il fit exprès de ne pas prendre la valise de la demoiselle, et de la laisser galérer.

« Je ne montrais pas dans cette voiture, non ! Je préfère encore me jeter sur la voie ferrée. » Et sa voix résonnait dans sa tête, comme un écho immortel. Il se demandait même, pourquoi avait-il accepté en fin de compte de venir la chercher ? Elle avait Noah non ? C'était son boulot, et pas le sien ! Il avait d'autres préoccupations, et il allait s'assurer que Thaïs ne gâche pas sa journée de repos, en faisant un caca mou, telle une femme capricieuse. « A quoi elle s'attendait, bordel ?! » se répétait-il inlassablement. Sûrement à un autre mec que son ex peut-être ? Mais tout ce que souhaitait Hunter, c'était de mettre fin à cette torture, qu'elle lui procurait, rien qu'en la regardant, ne serait-ce qu'une seconde. Il se contrôlait pour ne pas, -lui aussi- péter un câble, mais... Quand vous aviez Thaïs en face de vous, il s'avère que cela était tout BONNEMENT IMPOSSIBLE. Elle avait ce don incroyable de vous chercher, de titiller vos nerfs, avec cette charmante délicatesse. Alors lorsqu'elle prononça ces quelques mots, Hunter se lâcha -enfin-, alors qu'ils étaient ensemble que depuis quelques minutes. Sympa les retrouvailles non ? « Non mais Thaïs, tu te FOUS DE MOI OU QUOI ?! Je t'ai dit que je vais pas rester TROIS PLOMBS, le jour de mon REPOS, à ATTENDRE que MADEMOISELLE VEUILLE BIEN ME SUIVRE. » criait-il, tandis qu'il attrapait la main de la jeune brunette, chose qu'il n'aurait pas du faire, puisque le seul contact qu'il eut avec elle, était semblable à une décharge électrique, ce qui le fit frissonner. « THAIS BORDEL ! REVIENS ! » continuait-il de crier. Autour de lui, les passants le regardaient, comme un monstre qui allait frapper sa femme. « Et vous ? Vous avez quoi à regarder ? C'est mon... UNE CONNAISSANCE, alors bougez de là ! » soufflait-il aux autres, tandis qu'il accélérait le pas, afin de rejoindre la demoiselle. Cette fois-ci, il lui reprit le bras, et ne le lâcha pas, l'obligeant à lui faire face. « J'ai rien demandé non plus, alors maintenant, tu vas te taire gentiment, et arrêter de me souler, parce que je crois que tu es une professionnelle en cette matière ? C'est la seule chose que tu as réussi à me donner : des emmerdes avec NOAH ! Alors t'as vu, ça fait quoi de se sentir trahie par un membre de sa famille ? Tu comprends maintenant ce que j'ai ressenti lorsque tu es sorti avec l'autre tâche de sois disant meilleur pote ? » soufflait-il d'une traite, ne cessant pas de la regarder, dans le plus profond de ses yeux. Et fidèle à elle même, elle l'affrontait. C'était sa beauté naturelle et le caractère de Thaïs qui avait fait craquer Hunter. Son côté capricieux et boudeur la rendait sexy, trouvait-il, lorsqu'il sortait avec elle. Mais aujourd'hui, les souvenirs refaisaient surface, la nostalgie l'avait envahi, ce qui le rendait colérique, lui qui avait cru avoir oublier Thaïs, durant ces dix derniers mois... Foutaises oui, il n'avait rien oublié, bien au contraire, et jamais, jamais il n'avait été autant hors de lui.

Et voilà que les deux jeunes adultes, se confrontaient mutuellement, au beau milieu d'une gare. Ils auraient du avoir cette conversation là une dizaine de mois auparavant, et peut-être qu'ils seraient restés ensemble, peut-être qu'ils auraient pu construire quelque chose tous les deux, et surtout, peut-être que Noah aurait toujours été l'ami fidèle d'Hunter. Car oui, leur amitié avait cassé à cause de cette jeune brunette, et Hunter la considérait comme coupable de sa tristesse, et de sa colère. Après qu'elle ait tout cassé, Thaïs était considérée comme l'ennemie numéro un pour Hunter, et il lui en voulait encore, et cela ne risquait pas de changer, car au plus profond de lui, son amour pour elle était resté, et il la tenait aussi pour coupable, de l'avoir rendu aussi con, et amoureux. Il s'était juré de ne plus succomber à l'amour après Teddy, et voilà que Thaïs l'avait rendu vulnérable. Mais il n'avait pas bien agi, et c'était aussi de sa faute si son couple n'avait pas tenu. Il savait qu'il n'avait pas eu de chance avec la gente féminine, et pensait même être maudit pour ça. Mais rien ne lui ouvrait les yeux : tout était de la faute de cette jeune femme.
Alors elle commençait à juger la relation que Hunter et Jayleen partageaient. C'était un amour saint, banale, et sans grande histoire. Il l'appréciait, il arrivait même, peu à peu, à l'aimer, sincèrement, mais son amour pour elle, était loin de celui qu'il avait éprouvé auparavant pour Teddy, puis pour Thaïs... Mais il savait que Jayleen l'aimait vraiment, et beaucoup plus que lui, il savait qu'elle tenait à lui, et qu'elle serait prêt à beaucoup de choses pour le lui montrer. Alors il était sûr d'une chose : Jayleen était loin de se servir de lui, et Thaïs avait tort. Alors il riait, d'un rire nerveux et froid. « Dans toute l'histoire Thaïs, c'est toi la manipulatrice. Tu t'es servi de moi, tu savais que je t'aimais, et tu me lâches pour mon meilleur ami. Je sais très bien que Jayleen, elle ne serait pas capable de ça, elle. Elle m'aime Thaïs, depuis la première fois qu'elle m'a vu, elle m'aimait, même quand on était ensemble. Tu tombes de haut non ? Mais au moins, j'espère que ça rentra dans ta petite tête : Jayleen et moi, on a tenu plus de quatre mois. Alors arrête de faire ta petite victime, si j'avais été un petit-ami pourri, tu aurais du me le dire dès le début, car j'aurais changé pour toi. Et tu le savais très bien, mais mademoiselle est quelqu'un de capricieuse, et elle cherche toujours à se sentir aimer, et à faire sa petite malheureuse, alors reste avec Noah, de toute manière, je sais très bien que vous deux ça durera pas. C'est pas un mec fait pour toi. Il est coincé et niais, tout ce que tu n'aimes pas. Ce sera vite la routine avec lui.  » soufflait-il, sur un ton qui se voulait dur, et vexant à la fois. « Et pour faire bien devant tes parents, je suis allé te chercher, alors si je pouvais te ramener en vie, ce serait cool. La prochaine fois, tu appelleras ton Noah pour qu'il vienne de lui-même, je le croyais pourtant amoureux, j'pensais qu'il aurait pu se bouger un peu, tu crois pas ? » chuchotait-il, tandis qu'un petit sourire vint se dessiner sur sa figure. Un sourire vengeur, et horrible. Hunter savait être un petit ange, mais parfois, il vaudrait mieux l'avoir en ami, plutôt qu'en ennemi : il savait être blessant dans ses propos, et c'était un de ses plus grands défauts, la méchanceté. Toujours en lui tenant le bras, il se redressa, regarda autour de lui, et tenta de la tirer avec lui, pour aller sur le parking. Bizarrement, un poids en lui venait de disparaître, et il se sentait drôlement plus léger.

Il y a un adage qui dit qu’on fait toujours du mal à ceux qu’on aime mais il oublie de dire qu’on aime ceux qui nous font du mal. Cet adage prenait tout son sens et plus particulièrement aujourd’hui. Si je me trouvais dans cette gare aujourd’hui, les larmes aux yeux, la culpabilité me rongeant tous les sens c’était parce que j’avais commis l’erreur d’aimer Hunter, de lui laisser mon cœur et il avait commis l’erreur de faire de même. Je lui avais fais du mal. Je n’arrivais pas à croire que notre rencontre datait d’un an à peine. Lorsque je les avais vu, lui & Noah. Ils étaient si proches, je les avais pris pour des frères à l’époque, se chamaillant dans cette voiture. J’avais pensé que ce genre d’amitié de longue date était impossible à briser et plus particulièrement chez des hommes. Pourtant, il n’y avait pas eu grand-chose, pas de drame, ni de tragédie, juste moi. Moi et ma cupidité, moi et mon égoïsme. Était-ce mal de dire que je les avais aimé tous les deux, de manière si différente ? Noah, pour son calme, sa sagesse, son authenticité et sa douceur et Hunter pour la surprise de chacun de ses actes, la folie qu’il dégageait et qui rendait chaque jour un peu meilleur. Oui, depuis le début j’avais senti le virage que prenait cette amitié mais bien sûr, j’avais préféré l’ignorer. Du moins, l’ignorer jusqu’à ce que cette situation ne me convienne plus. Hunter avait raison sur beaucoup de points. Je ne lui avais jamais reproché son manque d’attention, et ses oublis répétitifs, j’y avais juste mis fin au point décisif, lorsque je savais que je n’allais pas être celle qui allait se retrouver seule. Lorsque Noah avait enfin avouer ses sentiments. Je n’avais pas pensé au fait que c’était Hunter qui devait faire face à cette solitude. Sans meilleur ami, et sans amour. Parce qu’il avait cette facilité à rebondir sur ses pattes si rapidement, j’avais pensé qu’il tournerait la page tout aussi facilement. Tout comme moi. Je pouvais faire semblant de détester Hunter mais au fond, il était celui qui avait raison et je restais celle qui avait tord. Et dans cette gare, face au mouvement des trains qui partaient, remplacés par ceux qui arrivaient, face à ces gens qui ne savaient où aller, qui marchaient qui courraient, face au temps qui défilait, je me sentais étrangement seule. Pourquoi Hunter parvenait-il à me blesser aussi facilement si je ne l’aimais plus ? La vérité blesse, il est vrai. Mais n’est-ce pas la vérité dit par des personnes à qui l’ont tient qui fait toujours le plus mal ? Toutes ses paroles dîtes par un autre prenaient-elles autant de sens, avaient-elles autant d’impact ? L’erreur est humaine dit-on. Et bien, moi je n’avais jamais affronté les miennes, j’avais toujours fuis en espérant ne pas ma justifier. Et je les avais aujourd’hui devant les yeux. Chaque mot du discours était cru, fort mais bien choisi. J’étais la manipulatrice, je l’avais plaqué pour son meilleur ami puis avait mis cela sur le compte de ses erreurs multiples. « Tu sais quoi Hunter, tu as raison. » je fis une pause histoire de respirer et de ne laisser rien transparaître. Ensuite, je fais le chemin inverse sans lui jeter un regard, parce que je sais que si je le fais, je vais fondre en larmes bêtement et prends ma valise pour me diriger vers sa voiture. Lorsque j’arrive devant, je remarque avec satisfaction, qu’il n’a pas bronché mots et cela m’apaise un peu. Au moins, le silence se fait et il n’y a plus d’engueulade. J’attends devant la voiture qu’il me rejoigne pour ouvrir la porte, alors je grimpe sur le siège près du conducteur et tourne ma tête vers la vitre. Il démarre en silence, quitte la gare en silence et s’aventure sur l’autoroute, toujours en silence. Bien sûr, il allume vite la radio pour combler ce silence pesant et moi, je me retrouve confrontée à ses goûts affreux en matière de musique comme à l’époque où nous étions ensemble et que l’on se disputait la radio. Sauf que là, je ne peux rien faire. Je ne suis pas en position de commander. Et après quelques minutes, la tristesse m’envahit. Mon retour sur Rosemont n’est tellement pas celui que j’espérais. J’éteins la musique, prête à endosser son courroux alors que finalement il garde les yeux sur la route et ne dit rien, ce qui montre qu’il est plus que prêt à faire comme si je n’existais pas et je hausse la voix : « Je suis désolée d’être celle qui est toujours là, qui revient pour te pourrir la vie. » Je le vois sourire méchamment mais je ne renonce pas « Sincèrement. Je vais te laisser tranquille si tu veux, ne plus t’adresser la parole et te laisser faire comme si je n’existais pas. » Silence. «  C’est juste que j’espérais tellement pouvoir te retrouver. En ami, je veux dire. Je… » Je respire un grand cou alors que les sanglots gagnent ma gorge et les larmes viennent à mes yeux « tu m’as tellement manqué ! Tout ce qu’on avait l’habitude de faire ensemble et. Oui je sais ! J’ai tout gâché, je me suis servie de tes erreurs sans rien te dire pour prétexter une rupture qui était inévitable. Je t’ai fais souffrir. Mais-tu ne penses pas qu’il faudrait passer à autre chose ? Je voudrais retrouver ce qu’on avait avant tous les trois. Je voudrais te retrouver. » Je le regardais lui, qui roulait toujours impassiblement Et je regrettait aussitôt mes mots alors que je m’étais confiée à lui. Après cinq bonnes minutes de silence sans aucune réaction, j’élevai de niveau la voix « arrête la voiture. » Il se tourna enfin vers moi, étonné. « arrête la voiture ! ». Il s’exécuta et je descendis.