(Heather et Peter se sont rencontrés dans un bar, au départ elle lui a menti sur son âge, ils ont couché ensemble et c'est là que en regardant son passeport dans son sac, Peter a vu que Heather n'avait que seize ans et il a pété un câble en la foutant dehors ! Les autres jours, ils ont parlé et recouché ensemble en secret...)




« On ne peut plus continuer Heather, c'est terminé, pour de bon. » Il dit ça avec ce claquement de langue de quand il se sent coupable. Je me tourne vers lui d'un seul coup. Bullet to the heart. Je ne lui répondit pas, je continuais de marcher le long du chemin, la tête fièrement levée. « Tu entends ce que je te dis ? Répond moi, Heather. Répond moi... » Je fis un geste évasif de la main sans le regarder. « Non. NON ! Tu veux que je te dise quoi Peter ? Il n'y a rien à dire parce que ce n'est pas fini. Tu dis tout le temps ça... Mais on s'aime » Peter serre ses mains l'une dans l'autre, comme pour contenir leur violence, il m'impressionne avec ses cheveux bruns, ses yeux qui savent me transpercer et me juger. Son expérience dans la vie m'impressionne. « Tu es trop jeune Heather, tu ne comprends pas encore ! Tu te fais de l'amour une idée un peu simpliste. » « Mais on s'en fout putain, on s'en fout des gens ! On s'en fout, je veux te prendre par la main dans la rue, je veux que tu me serres dans tes bras, je ne veux plus qu'on se cache.... AIME MOI PETER, AIME MOI MERDE ! » Nous nous sommes observés sans rien dire. J'ai senti la boule gonfler dans ma gorge, je me suis pincé la main pour étouffer mes larmes. Elles sont restées à l'intérieur. « Je veux qu'on arrête de se voir Heather, pour toujours. J'en peux plus. Je suis fatigué. » Les mots étaient d'une banalité insoutenable. Les mots usés étaient une injure faite à ma douleur. Mais il n'y en avait pas d'autres. « Merci Peter. Merci pour tout. » J'ai déposé un baiser sur sa joue. J'ai caressé son visage, son cou. J'ai passé mes doigts sur sa bouche, ses lèvres.... Et puis je suis partie, j'ai tourné le dos à Peter, à cet instant précis la haine brûlante s'étendait en moi. Contre moi, contre lui, contre le monde entier !


Je me suis réveillée en sursaut un matin. Il est parti, je le sais, je le sens. La place dans le lit à côté de moi est vide. Il est parti. Je me lève lentement. Je transpire, j'ai chaud, j'ai mal. Personne. Le silence est assourdissant. Il ne restait plus rien de notre amour, nous le savions tout les deux que ça ne pourrait pas marcher entre nous : trop de choses qui nous ont fait nous séparer, trop de vie.... J'avais envi de vomir, j'avais envi de me laver de la saleté qui montait en moi, je me dégoûte, je suis pathétique. Je suis la reine de la fuite, celle qui passe tout le temps à côté du bonheur. D'un coup, tout dégagea. Annita et sa cruauté minable, Jeremiah et sa drogue, les humeurs de maman, les moues de Charlotte, mes souvenirs, notre avenir, les clapotis du passé et tous ces sables mouvants. Hop. Eléments supprimés. Le chantier de ce chantier commençait à me monter furieusement au nez. Là, pardon, mais j'ai plus envi. Je reste là dans cette chambre d'hôtel, affalée par terre, je dégueule mon amour et tous nos souvenirs, je dégueule ce que nous étions et ce que nous aurions pu être. Moi qui n'avait jamais cru en l'amour, qui trouvait tout ça d'une sinistre connerie, maintenant je suis comme ces cruches qui pleurent leurs amours perdues. Je dégueule mon amour.

Voilà, c'est fini. On va pas s'dire au revoir comme sur le quai d'une gare, j'te dis seulement bonjour et fais gaffe à l'amour. J'ai fini par me dire qu'on éviterait le pire, qu'il fallait mieux couper plutôt que déchirer. J'ai fini par me dire que p't'être on va guérir, et que même si c'est non, et que même si c'est con, tous les deux nous savons que de toute façon, c'est fini. Nos deux mains se desserrent de s'être trop serrées, et la foule nous emporte chacun de nôtre côté. C'est fini...

Jean-Louis Aubert - Voilà c'est fini