On dit qu'on ne choisit pas sa famille. Beaucoup s'en plaignent parce que leur famille craint. Ma famille à moi était normale. Bien sûr, je n'étais pas toujours d'accord avec mes parents surtout au sujet de mon avenir. Ma grande soeur était passée par le même chemin. Nos parents voulaient qu'une de nous deux vienne travailler avec eux dans leur boutique de produits locaux pour ensuite la reprendre quand ils prendraient leur retraite. Pippa a été la première à refuser en décidant d'étudier l'anglais à l'université de Rosemont. Elle voulait devenir professeur et pas vendeuse. Mes parents n'ont pas vraiment insisté pour qu'elle fasse ce qu'ils voulaient. Ils ne voulaient pas la forcer et espèraient que moi, je répondrais à leurs attentes. Alors Pippa a quitté la maison pour se prendre un appartement en colocation et je me suis retrouvée seule avec mes parents. Bien sûr, on est restées proches pendant ces deux années qui nous séparaient. Elle venait souvent à la maison pour nous rendre visite et nous passions beaucoup de temps ensemble. Puis quand ça a été à moi de dire non à mes parents, elle m'a soutenue. Elle savait très bien que la médecine, c'était tout pour moi et qu'il était hors de question que je reste bloquée toute ma vie dans cette boutique. Elle m'a toujours compris en fait. Je sais très bien que ma décision a déçu mes parents malgré la petite fierté d'avoir un enfant qui étudie la médecine. Ce n'était pas ce qu'ils voulaient mais ils ont accepté mon choix. Alors je suis partie de Rosemont pour aller étudier à NY. Je n'ai pas vraiment gardé le contact avec mes parents, me contentant de leur donner quelques nouvelles de temps en temps. Mais je continuais d'appeler ma grande soeur souvent. On se racontait mutuellement nos histoires pendant mes cinq années d'étude. On s'arrangeait pour se voir de temps en temps mais avec nos emplois du temps respectifs, c'était pas toujours facile. Mais on a jamais arrêté de se parler et on s'est retrouvées il y a un an quand je suis revenue vivre à Rosemont. On s'est installées ensemble parce que je ne voulais pas revenir vivre chez nos parents. Ils se seraient plaint sans arrêt que mon travail était inhumain et que je n'avais pas de vie à côté, que j'aurais mieux fait de faire ce qu'ils me disaient de faire. Alors que Pippa est la parfaite colocataire. Certes, je ne passe pas beaucoup de temps à la maison tellement je bosse mais ça nous va parfaitement à toutes les deux. C'est elle qui s'occupe de presque tout à la maison et elle s'en plaint parfois. Mais j'essaye de l'aider au maximum quand je ne suis pas à l'hôpital ou en train de dormir. Notre colocation se passe très bien, on a chacune notre chambre et c'est si bien isolé qu'on peut ramener des garçons sans déranger l'autre. J'adore ma soeur, on peut parler de tout en toute confiance et on adore aller faire les idiotes ensemble. Quand je suis avec elle, je crois que je rajeunis d'au moins dix ans tellement on fait n'importe quoi. Bien sûr, on a aussi des discussions très sérieuses de temps en temps mais c'est plus drôle de faire les folles. Ca nous permet à toutes les deux de nous détendre avec nos travails qui réclament le plus grand sérieux.