Vingt-deux juillet 2005
« Ça me convient parfaitement, je te dis à demain alors ? » demandais-je à mon interlocuteur de l’autre côté du fil, en connaissant déjà d’avance sa réponse.
« À demain Sawyer…Je t’aime. » finit-il par répondre.
« À demain Emery, je… j’ai hâte de te voir » articulais-je, avant de raccrocher brutalement le téléphone et de me laisser tomber comme une loque sur le lit. C’était la deuxième fois qu’il prononçait ces trois mots, et la deuxième fois que je ne lui donnais aucune réponse en retour. Je l’aime pourtant, mais ça ne veut tout simplement pas sortir. J’espère qu’il ne me laissera pas tomber, faite qu’il ne me laisse pas tomber.
« SAWYER ! SAWYER ! » Entendis-je crier mon frère sur un ton affolé. Ma gorge se noua alors et s’en plus attendre, je bondis de mon lit et couru jusque sur le palier, avant de regarder en bas. Il me fixa de ses grands yeux, je ne l’avais jamais vu ainsi. Tout son corps était crispé, il venait d’essuyer grossièrement ses joues car je pouvais encore y distinguer des larmes, la tristesse et l’horreur déformait les traits de son visage d’ordinaire si tendres, l’air grave je le vis articuler les lèvres mais aucun son ne sortit de sa bouche. Je n’avais aucune idée de ce que si passait, et pourtant je savais que quelque chose de grave c’était produit. Rapidement je descendis les escaliers qui me séparaient de mon frère et le prit dans mes bras, quelques secondes plus tard il s’effondra – comme si ses jambes ne pouvait plus le supporter – sur le carrelage, m’entrainant dans sa chute. Je ne desserrai pourtant pas mon étreinte. Nous restâmes ainsi, pendant quelques minutes. Cole finit par se mettre à genou, prenant mon visage entre ses deux mains, il me regarda un moment, avant de me souffler ;
« C’est papa et maman Sawyer… ils ont été assassiné. » C’est à cet instant précis que mon monde s’est écroulé et moi avec.
vingt-six juillet 2005
Rapidement, nous fûmes à l’aéroport, nous n’avions échangé aucun mot pendant le trajet, je sais qu’il m’en veut de le laisser seul, mais il sait aussi que c’est le mieux pour moi. Avant de franchir le point de non-retour, je me retournai vers lui, les larmes aux yeux et le prit dans mes bras, il ne mit pas longtemps à me serrer à son tour.
« Je t’aime. » lui soufflais-je, tout en resserrant mon étreinte.
« Tu va me manquer petite sœur. » finit-il par murmurer. Sur ces quelques mots, je me détachai de lui et passai à mon tour les détecteurs. Sans regarder derrière-moi, je pris mes affaires que j’avais du placer dans un bassin et m’en allai à la recherche de la porte 46, là ou se ferait l’embarquement. C’est alors que j’entendis quelqu’un crier mon prénom. Je savais pertinemment qui était cette personne, je me stoppai quelques secondes, avant de finalement continuer mon chemin sans me retourner, sachant très bien que ce que j’étais en train de faire mettrait un terme à ma relation avec Emery.
Treize juin 2011
« Attends, laisse-moi deviner…. Je parie qu’elle est grande, blonde et qu’elle a un corps de rêve ? » Demandais-je à mon frère, sur un ton quelque peu moqueur.
« Ah ah, arrête de te moquer, parce qu’en plus c’est presque ça… si tu étais passée ne serait-ce qu’une fois à Rosemont, tu l’aurais déjà rencontrée. » me répondit-il, j’eus presque l’impression qu’il était en train de me faire des reproches.
« J’ai beaucoup de travail ici. » articulais-je péniblement, tout en me levant de mon canapé blanc, pour me diriger vers la baie vitrée et admirer la vue s’offrant à moi.
« Tu dis toujours ça Sawyer… » Soupira-t-il avant de reprendre ;
« Promets-moi que tu seras là pour mon mariage. »« Je n’ai même pas d’endroit ou loger Cole ! » oui, j’étais bien en train d’essayer de trouver une excuse pour me défiler.
« Ça tombe bien alors, puisque ceux qui louaient la maison de grand-mère – dont nous avons hérité – s’en vont. D’ailleurs j’ai besoin de toi pour organiser ce mariage et pour me trouver un costume donc je t’attends fin juillet ! » S’exclama t’il.
« Quoi ? Je te signale que ton mariage est fin aout ! » C’est tout en serrant les poings que j’ouvris la porte coulissante et sortit prendre l’air sur le balcon, j’en avais besoin.
« Sawyer, comme cadeau de mariage je souhaite simplement que tu reviennes à Rosemont, fin juillet. » C'est pas vrai, j'arrive pas à croire qu'il me sort son refrain sentimental, ce n'est pas du jeu!
« D’accord… » répondis-je, résignée.